Vous avez tous entendu parler de Moroni blues. Et vous avez exprimé votre intérêt pour les livres de Soeuf Elbadawi. Et bien découvrez la suite dans ce nouvel Essai littéraire, Une suite à Moroni blues dans lequel les auteurs démontrent la manière dont une partie de la capitale des Comores, et a fortiori, la société comorienne, s’approprient et conçoivent le débat social, dans un pays où selon Soeuf Elbadawi, « la parole se transmet ainsi par filiation au même titre que le sang ou la noblesse. La parole devient héritage. Elle ne se prend pas, elle se lègue. »
Une suite à Moroni Blues par Rémi Carayol, Soeuf Elbadawi, et Kamal'Eddine Saindou
EN JANVIER 2007 paraissait Moroni Blues/ Chap. II de Soeuf Elbadawi. Un livre à travers lequel l'auteur tente d'interroger les siens sur le destin d'une ville de brassage. "Une réflexion sur Moroni entre poème d'amour en images et lettre polémique à nos vieux oncles" ... Un livre qui force le débat sur la nécessité d'une nouvelle citoyenneté comorienne, située au-delà des communautarismes de village. Un livre qui suscite une vive polémique de la part de certains habitants de Moroni, qui y voient une critique "acerbe" contre ce qui fonde leur existence au quotidien depuis des lustres..... Ce qui n'a pas manqué de choquer certains esprits au discours foncièrement conservateur et réactionnaire. C est ainsi que la présentation de Moroni blues/ Chap. II, à travers conférence et débat, a été suivie aussitôt de "fatwas et quolibets" en certains milieux de la capitale comorienne.
Sur la place publique et sur le web, des voix se sont aussi exprimées dans un méli mélo de pour et de contre, qui prouvent néanmoins que peu de gens ont parcouru le livre. Des articles du journal Kashkazi, parus aux mois de février et mars 2007, et des prises de parole spontanées sur le forum Habari, font écho à ce débat. Nous les publions ici. Avec l'espoir que cela contribue à faire avancer le combat des idées dans un pays où l'intellectuel, comme l'écrit si bien Mohamed Toihiri, est redevenu ce "doux fils du clan et de la caste", qui ne pense qu'à "son shewo", et ce, en épousant le "conformisme le plus roide".
Le livre vu par Electre
Motivé par la critique de son roman Moroni blues, paru en janvier 2007, S. Elbadawi répond à ses détracteurs et analyse la polémique suscitée par son livre. Il est soutenu dans ce projet par R. Carayol et K. Saindou, qui examinent les résistances de la société comorienne au débat social en faisant une lecture parallèle de ce roman et du Discours antillais d'E. Glissant.
Revue de Presse
« Regard de Soeuf Elbadawi sur la capitale comorienne », TEMOIGNAGES du vendredi 17 août 2007 (pages 6 & 7) par Edith Poulbassia
Soeuf Elbadawi atteint ainsi l’objectif de lancer le débat sur l’identité comorienne. En écrivant “une suite à Moroni Blues”, c’est une nouvelle façon de nourrir ce débat amorcé.
« Une suite à Moroni Blues », « Matthieu Damian, Mardi 14 août 2007
Dans ce court essai, l'auteur critique vertement les élites qui dirigent Moroni pour leur conservatisme et leur manque d'ouverture... "Une suite à Moroni Blues" permet donc à Soeuf Elbadawi de se défendre sur quelques critiques qui lui ont été faites.
« Moroni Blues sonne-t-il le réveil ou le glas de l'intellectuel comorien? », Ikonidjabal.info du août 2007
Comment Moroni blues du journaliste-écrivain Souef Elbadawi est-il lu et interprété par les intellectuels comoriens ? A-t-on le droit de s'interroger sur le destin d'une ville de brassage telle que la ville de Moroni ? Quel regard doit-on porter sur l'intelligentsia comorienne aujourd'hui ?
La sortie du livre Moroni Blues l'année dernière avait suscité une levée de bouclier et un tract que d'aucuns qualifient de nauséabond dans la Capitale. ….
L'auteur de Moroni Blues interroge les siens sur le destin de Moroni, ville de brassage, aussi, ouvre-t-il le débat sur la nécessité d'une nouvelle citoyenneté comorienne, située au-delà des communautarismes de village.
Extrait choisi par Lechoixdeslibraires.com
Moroni est un de mes lieux intimes. Un lieu d'écriture. Mon "lieu foetal" s'empresserait de dire mon ami K-To en s'esclaffant sur les plages noires de Mitsamihuli. Ami lecteur ! Ne m'en voulez pas si mes images vous semblent parfois repliées sur elles-mêmes. Elles respirent sciemment l'odeur du passé, l'odeur des filiations perdues, des cadavres du cimetière de Mshe Auber ou de celui du vieux marché situé derrière la grande poste, pour mieux s'en affranchir. Moroni en "légende" m'attriste en réalité. Un Moroni "d'une bourgeoisie d'attardés", comme l'écrit le poète Saïndoune Ben Ali. Un Moroni qui ne me sourit guère. Moroni "des minarets de l'orgueil" précisait-il encore dans le poème. Un Moroni disputée par ses enfants, ses esclaves et ses broussards. Un Moroni qui n'est que leurre et cauchemar. Spectre de haine séculaire contre lequel nous devons nous prémunir.
Les logiques "fatiguées" du passé insulaire ne doivent à priori nous servir que d'épouvantail, afin de mieux construire l'avenir de nos enfants. Penser et repenser/ inventer et réinventer le mythe des premiers habitants. L'histoire de cette famille (Mwazema no wana) en quête de mieux-être, fuyant le Dimani, traversant Fumbudzivuni à la hâte, pour venir fonder une cité d'espérance au chant du coq face à la baie du Kalawe, là où se tient la vieille mosquée, défaite et refaite, de Hatwibu Ibrahim depuis mille cent soixante seize ans.
Extrait choisi par passagedulivre.com
UN PETIT BOURG de quelques milliers d'habitants, qui se donne des airs de grande cité polluée, étouffante, capricieuse, sans en avoir réellement les moyens. Je pense à Pessoa, notre cousin portugais. Il disait qu'on ne connaît vraiment une ville que lorsqu'on peut s'y perdre. De Moroni, où j'ai pris pied il y a trente sept ans, en déboulant du ventre maternel tête en avant, je ne connais que des fragments de vie. J'arrive donc à m'y perdre sans trop de peine. La réalité, il est vrai, y mue à une telle vitesse que je me laisse à chaque fois surprendre par les humeurs figées des riverains de ce port aux boutres "mal fagotés".
Moroni, ville-capitale des derniers temps d'obscurité dans l'Archipel des quarts de lune, université à ciel ouvert pour de nombreux jeunes comoriens à l'époque des rêves de grand soir. Moroni, devenue vilaine et soumise en ces temps d'incertitude et de cendres volcaniques. Moroni, ma princesse aux pieds pauvres, qui continue, vaille que vaille, à jouer des partitions de twarab les jours de "grand- mariage" à coup de pounds anglais et de violons mal accordés. Dieu ! Mes chers oncles ! Dites-moi si je ne me trompe... Qui ne regrette parmi nous ce temps où le vieux coquin d'Abra et ses complices de l'Asmumo nous exprimaient la fierté d'une médina aux murs rapiécés sur des airs zanzibari à moitiés retournés ? Cette histoire n'a plus de visage - et je le sais.
Personne de toutes manières ne sait raconter les folies d'une vieille cité aux amours frustrés désormais. Tout comme personne ne saurait vous raconter en détail cette nuit de Dawedju, où je remontais le long d'une allée remplie d'hommes chez les Wadaane, pleurant tout mon soûl dans mon beau costume rouge à fines rayures, les poches gonflées -par je ne sais quel miracle - de miswala à cinq mille [billets verts que l'on enviait tant aux "droites lignées"], à la recherche d'une odeur-mienne, pendant que l'Asmumo, à moins que ce ne fut l'Aouladil'Komor, je n'avais que quatre ans après tout, pendant que l'une ou l'autre formation - j'allais dire - terminait son bashraf d'ouverture. Des notes cristallines de ud' entraînant l'orchestre sur les pas excités des familles, amis et marieurs aux dents repues, tous porteurs du prestige d'une ville où l'on savait faire la noce à grands frais et croquer la vie du bon côté.
Personne ne saura vous conter ces histoires d'un autre monde. Avec les mots d'hier et la truculence qui leur sied. Moroni a tellement changé depuis ce temps que nul ne se souviendra de la première note de ce récital éclairé où la ville dans son ensemble semblait totalement apaisée, au point de croire que jamais elle ne tomberait sous les eaux sulfureuses de la " montagne en érection ".
Biographie de l'auteur
Journalistes, Rémi Carayol, Soeuf Elbadawi et Kamal Eddine Saindou travaillent tous les trois pour Kashkazi, l un des rares supports de presse indépendants existant aux Comores.
Détails sur le produit
* Editeur : De La Lune (6 août 2007)
* Collection : POLIX
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Genre : Essais littéraires
* ISBN-10: 2916735259
* ISBN-13: 978-291673525
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