LA TASK-FORCE : Un nouveau gadget pour les organismes HLM qui ne résout pas les vrais problèmes
Pour aboutir à la construction de 120 000 logements sociaux par an, Mme Boutin a annoncé la constitution d’une task-force qui établirait une charte pour les bailleurs méritants dont le contenu portera sur le "foncier public", "des prêts superbonifiés de la CDC", et " des mesures d’accompagnement fiscal et urbanistique". Ceci en échange d'efforts suffisants des bailleurs dans la construction et la réhabilitation, la qualité de service mais aussi la vente de logements sociaux.
Les vrais enjeux sont de développer l’offre de logement à loyer réduit et d’inscrire la politique de l’habitat dans le développement durable.
Pour ce qui concerne l’offre de logement à loyer réduit, laisser croire que les organismes HLM ne construisent pas est faux. Mais, parmi les vrais problèmes qu’ils rencontrent figurent d’abord les retards de paiement de l’Etat, les baisses de crédits de l’Etat par logement produit et l’accès au foncier, rappelés par le président de l’Union Sociale pour l’Habitat à la clôture de son congrès.
Pour faire face à ces difficultés financières, les organismes HLM ont recours à leurs fonds propres, au 1% payé par les entreprises et aux collectivités territoriales, collectivités que Mme Boutin n’a pas citées une seule fois dans son discours et qui financent la production de logement HLM (1,6 Mds €) à un niveau quasi-équivalent à celui de l’Etat (1,8 Mds€).
Le compte n’y est donc pas. En lieu et place d'une "task-force", voici quelques propositions de mesures concrètes souhaitées par tous les acteurs du logement social :
· Augmenter les crédits de l’Etat par unité de logement produite et payer les bailleurs à temps. Mais peut-être que les crédits consacrés à la mesure Sarkozy en faveur de l’accession à la propriété (3 Mds €, le double de ce qui est investi pour les HLM !) ne permettent pas d’améliorer la situation du logement HLM.
· Reconnaître et faire fonctionner les partenariats locaux qui existent avec les collectivités territoriales et les bailleurs HLM. Ainsi, en Rhône-Alpes depuis 2004, plus de 20 conventions ont été signées entre la Région et les délégataires d’aide à la pierre, le budget régional de l’habitat a été doublé et la Région s’investi de surcroît à hauteur de 210 M€ dans le renouvellement urbain. (autre exemple le "Grand Lyon" a augmenté de 700% ses aides depuis 2000). Mais, peut-être que cette reconnaissance de la décentralisation ne convient-elle pas à un Président de la République à qui doit être attribué tout progrès.
· Lancer une véritable politique de qualité environnementale dans le bâti et favoriser effectivement la densité et la qualité urbaine. Aujourd'hui les propositions financières timides semblent concerner davantage le privé que le public. Mais, peut-être que le fameux ministère du développement durable transversal n’est pas prêt à cette révolution culturelle.
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