Un roman passionnant pour les amoureux de la chasse et de la nature.

Un jour je mangerai du pain blanc.

Il s'assit sur un carré de mousse tendre, adossé à une souche, et sortit de sa musette un petit paquet enveloppé d\'une vieille étamine. Dépliant le tissu, il en sortit deux grosses tranches épaisses et poisseuses de pain noir, le moins cher, celui des pauvres, un pain de seigle et de son fourré de confiture de mûres. À base d’une farine de qualité inférieure, il contenait parfois quelque brin de barbe de seigle qui agressait la gorge et forçait la toux. Il regarda son domaine tout en déglutissant avec difficulté . Ce pain noir collait aux dents et au palais. Ça mettra le temps qu\'il faudra mais un jour je mangerai du pain blanc et je chasserai le cochon.
Les romans qui parlent de la chasse sont bien rares par les temps qui courent. Ceux qui nous la font aimer encore plus. C’est pourtant là l’un des tours de force de ce roman de Guy Dutron dans lequel se reconnaîtront non seulement tous les chasseurs mais aussi tous les agriculteurs et, au-delà, tous ceux qui aiment la nature et leur terroir.
On est en 1914. Félicien a 16 ans. Né dans une famille pauvre, français par sa mère, belge par son père, il travaille en usine depuis 4 ans, depuis son certificat d\'études. Mais, amoureux de la nature, de ces Ardennes qui l\'ont vu naître, il rêve de devenir paysan et de « chasser le cochon ».
Il va mettre quelque 20 ans à réaliser son rêve. Vingt ans durant lesquels il va faire son double apprentissage de la chasse et de l\'agriculture.
D’abord auprès de Jules, le vieux garde chasse qui va lui enseigner non seulement le gibier et les rites de la chasse mais aussi et surtout le respect et le sens de l’équilibre de la nature, qui va lui apprendre que pour chasser correctement il faut savoir préserver et faire vivre.
Quant à l’agriculture, c’est auprès de ses amis et de ses voisins, authentiques paysans, qu’il va en apprendre le dur labeur mais aussi le bonheur de faire de ce sol riche mais âpre cette terre nourricière dont il a tant rêvé.
Braconnier parfois par nécessité, contrebandier par goût, Félicien nous raconte l\'histoire de ces Ardennes qu\'ont déchirées toutes les guerres et qui ont su s\'adapter à toutes les mutations du 20° siècle. Car Un jour je mangerai du pain blanc… et je chasserai le cochon est bien plus que la trajectoire d\'un destin personnel. C\'est la chronique d\'une époque où l\'homme savait encore vivre en équilibre avec la nature et où la survie passait par la solidarité.

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