La souffrance physique n'est pas toujours bien prise en charge en psychiatrie (E. Serra et al., 2007). 69% des spécialistes interrogés estiment que les patients souffrant de troubles mentaux ne bénéficient pas de soins médicaux satisfaisants. Il existe de longue date un clivage regrettable entre soma et psyché dans la pratique des soins en France.
En sollicitant plusieurs spécialistes de la douleur et de l'humain, nous souhaitons faire avancer la réflexion de chacun de nous dans ce domaine. Sous les regards croisés de psychothérapeutes, sociologues, philosophes et médecins, ce symposium tentera de faire le point sur divers aspects de cette question passionnante.
14H00 ≥ 15H00 : Une vie sans douleurs vaut-elle la peine d'être vécue ?
Professeur LAURENT FRELAND Ingénieur et Professeur agrégé de Philosophie
Poser une telle question semble un peu saugrenu. N'y a t-il pas quelque malhonnêteté, ou pire quelque perversité, à la poser ? Car enfin, on se passe fort bien de la douleur, et on ne voit pas pourquoi il faudrait la vouloir. Le temps est loin, disons, où la douleur signifiait suffisamment pour être acceptée. La douleur, on peut souvent (parfois) l'expliquer par notre science, mais on ne peut jamais la justifier, c'est l'injustifiable par excellence de notre temps : silence vertigineux qui vient briser la chaîne des raisons ! Défendre un certain dolorisme serait donc tout simplement indécent.
15H00 ≥ 16H00 : La fibromyalgie est-elle une douleur psychogène ?
Docteur GÉRARD OSTERMANN Professeur de Thérapeutique option Médecine Interne, Spécialiste en Médecine Interne, Psychothérapeute-Analyste
Peu d'affections ont été pourvoyeuses d'autant de travaux scientifiques dans des domaines aussi variés que la rhumatologie, la neurologie et l'endocrinologie mais tous ces travaux ont été assez peu pourvoyeurs de résultats. La fibromyalgie est un syndrome complexe controversé, d'étiologie inconnue, aux confins de la rhumatologie et de la psychopathologie et de la psychologie sociale.
16H00 ≥ 17H00 : Les remèdes antalgiques non conventionnels sont-ils réellement efficaces ?
Docteur FABRICE LAKDJA Anesthésiste Réanimateur
Dans plusieurs contextes pathologiques, nombreux sont les patients qui ont recours aux médecines non conventionnelles. Le taux varie de 28% à 60% selon les études. Parmi les méthodes utilisées, l'homéopathie, les régimes diététiques, les suppléments alimentaires, la phytothérapie et l'acupuncture figurent en première place.
Ces médecines malheureusement qualifiées d'alternatives sont essentiellement utilisées pour mieux supporter les traitements « académiques » comme par exemple les anticancéreux. En matière de traitement des douleurs plusieurs modalités non conventionnelles sont également disponibles et prescrites mais très peu d'entre elles ont subi le filtre de l'évaluation scientifique. Cependant, la popularité croissante de ces moyens dits aussi « complémentaires » incite à proposer des études méthodologiquement acceptables même si la faisabilité est rendue complexe.
17H30 ≥ 18H30 La douleur vive
Docteur CHARLES JOUSSELIN Praticien hospitalier en Soins Palliatifs et Algologie
Nous appuyant sur une situation banale, nous débuterons en rejetant le dualisme corps-esprit encore retrouvé dans la définition contemporaine de la douleur ; notion qui préoccupait déjà Platon et Aristote. À l'aide d'exemples, nous soumettrons cette définition à un regard philosophique, phénoménologique, afin de montrer le caractère radicalement subjectif de la douleur, vive, vivante.
18H30 ≥ 19H30 Expériences de la douleur
Professeur DAVID LE BRETON Professeur de Sociologie à l'université de Strasbourg
Toute douleur transforme en profondeur pour le meilleur ou pour le pire l'homme qui en est frappé. Mais seules les circonstances qui l'enveloppent lui donnent sens en provoquant une somme plus ou moins grande de souffrance. Dans le contexte de la maladie, de l'accident ou d'une douleur rebelle, l'expérience est presque toujours celle d'une mutilation. L'individu est changé, mais surtout diminué, réduit à l'ombre de lui-même. Il n'est plus le même et sa peine est intense.
Pourtant, même dans ces circonstances où la souffrance déborde la douleur, la question du sens introduit une modulation due à la qualité de l'entourage, aux appartenances sociales, culturelles, aux singularités personnelles, à l'image de techniques du corps qui permettent d'exercer un contrôle du ressenti (relaxation, imagerie mentale, hypnose, autohypnose, …).
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