C'est en rentrant de notre semaine de voyage scolaire dans différents pays d'Europe que nous avons appris qu'un de nos élèves de 4e, qui a bénéficié, comme ses camarades de ce séjour culturel et linguistique, a été mis en garde à vue par la Police de l'Air et des Frontières.
Mohamed va avoir 16 ans cet été. Il est originaire de la minorité peule, discriminée dans son pays, la Guinée. Enfant des rues, soutenu par son instituteur, il a réussi à suivre tout son cursus primaire en français. Arrêté à Conakry lors des émeutes de septembre 2011, il est arrivé en France avec la ferme volonté d'y poursuivre ses études, secondaires cette fois-ci.
Mineur isolé, sans famille nulle part, il a été placé dans un foyer de protection à l'enfance. Il a fait sa rentrée des classes cet automne dans notre établissement, le collège Jean-Jacques Rousseau à Tassin-la-Demi-Lune. Il se montre investi dans ses études, soucieux de progresser. Il est curieux et cultivé. Il se destine à une formation dans l'hôtellerie ou la restauration. Il est un joueur investi dans le club de foot de Tassin. Il est sous la tutelle d'un juge, comme tout mineur isolé et a été pris en charge au titre de l'Aide Sociale à l'Enfance par le Conseil général. Ses éducateurs ont pensé à demander pour lui la naturalisation française.
C'est donc tout en confiance qu'il s'est présenté hier à un entretien auquel la Police de l'Air et des Frontières l'avait convoqué, entretien de routine, pensait-il, pour suivre le protocole habituel pour son intégration en France. Mais il a été mis en garde à vue. Sa chambre a été perquisitionnée. Il a été soumis à un test d'âge osseux dans l'objectif de contester sa minorité. 
Mohamed est mineur et doit être traité comme tel. Nous sommes choqués du fait que sa garde à vue soit de 24h et non de 12h. Nous sommes choqués de ne pas pouvoir obtenir le nom de son avocat. Nous sommes choqués de ne pas savoir où il est retenu. L'Hôtel de Police Central de Lyon n'a pas voulu répondre à nos questions, ni nous communiquer quoi que ce soit concernant notre élève. Il semblerait qu'il passe en comparution immédiate devant le juge ce jeudi. Nous espérons pouvoir d'ici là entrer en contact avec Mohamed et avec son avocat.
Nous sommes près de 40 membres de la communauté éducative du collège Jean-Jacques Rousseau et plus de 20 éducateurs du foyer Laurenfance mobilisés et déterminés à retrouver Mohamed libre, avec ses amis dont il partage les jeux et les soucis, sur les bancs de nos classes, parmi ses camarades footballeurs, auprès d'adultes qui veillent à son développement, son éducation et sa sécurité. Nous restons actifs dans nos démarches et soutenons ce jeune qui a pu trouver sa place parmi nous.