Je tiens à dénoncer la désinformation véhiculée par le dernier communiqué adressé par les "étudiants de l'IEP de Lyon en colère" et lassés du blocage de leur établissement. Et je tiens avant tout à signaler que je fais partie de leur propre camp, puisque j'ai régulièrement l'occasion de voter contre le blocage en Assemblée Générale. On ne pourra donc pas me taxer d'idéologie, ce dont semblent faire preuve en revanche les rédacteurs dudit communiqué.
Tout d'abord, dire qu'une minorité bloque l'IEP constitue un mensonge à l'état pur. D'une part, il faut revenir sur la légitimité de l'Assemblée Générale, reconnue pleinement par l'administration de l'établissement comme en atteste notamment sa collaboration pour les diverses mesures votées. Le système d'une Assemblée Générale est ainsi : tout le monde est invité, les absents ont tort (et les procurations sont possibles par ailleurs). Dire que le système est absurde parce que l'amphithéâtre ne peut pas recevoir tous les étudiants est une absurdité : le jour où ce fait adviendra, nous serons heureux de nous délocaliser dans un lieu plus grand. Le fait est que ce n'est pas encore arrivé et que cette nécessité ne s'est donc pas encore imposée, mais on ne peut que souhaiter arriver à cela un jour. Enfin, rappelons que suite à une décision de l'Assemblée Générale, un vote à bulletin secret a été organisé il y a quelques jours, et qu'il a débouché avec 62 voix d'avance pour le blocage (les suffrages ayant été vérifiés démocratiquement, à égalité par des bloqueurs et des anti-bloqueurs). Voilà pour montrer que la majorité est légitimement du côté des bloqueurs à l'IEP de Lyon, du moins jusqu'à aujourd'hui.
Je tiens d'autre part à dénoncer l'autre désinformation consistant à résumer l'activité des Assemblées Générales en celle d'un "cirque". Les débats sont globalement toujours très sains ; les quelques débordements qui ont pu être notés sont ultra-minoritaires. La tenue des AG est elle-même exemplaire, je tiens à le préciser. J'invite tous à venir en juger par eux-mêmes, et j'invite les auteurs du dernier communiqué à abandonner leur mauvaise foi qui stigmatise des débordements tout à fait minoritaires et bénins.
Par ailleurs, pour ma part, en tant qu'anti-bloqueur, je tiens à dire que je suis en accord avec la pensée selon laquelle le blocage est une mauvaise solution parce qu'elle dissout la masse étudiante, sans tenir compte d'une distinction entre une majorité et une minorité (la majorité ne devant dans mon idéal écraser la minorité que dans des cas d'absolue nécessité technique, comme le vote pour un président de la République). Le blocage ôte un moyen d'expression à ceux qui sont pour les décrets, aussi peu nombreux soient-ils, ou même à ceux qui pensent, comme moi, qu'un agenda combinant cours et contestation est tout à fait possible. Bref, tous ces jugements n'engagent que moi.
Mais je finirai en répétant qu'il est infiniment absurde de stigmatiser les décisions d'une Assemblée Générale, de s'insurger contre le blocage sans participer à l'Assemblée Générale, qui est encore une fois la seule instance légitime et démocratique existant à l'IEP jusqu'à ce que l'administration ou/et elle-même en décide le contraire. On peut être infiniment persuadé de détenir la vérité concernant ses droits étudiants ; seulement, tous, bloqueurs comme anti-bloqueurs, pensent avoir raison, cela va de soi. C'est pourquoi seule la majorité doit avoir le dernier mot, en quelque matière que ce soit (vote à main levée, blocage, etc...). Il s'agit là d'un principe fondamental de la démocratie.
Ainsi, en tant qu'anti-bloqueur avant tout respectueux de la démocratie étudiante, je ne tolère pas que l'on conteste les décisions et la légimité de l'Assemblée Générale, bien que désapprouvant le blocage qui y est voté depuis quelques semaines maintenant. J'invite tous les étudiants de l'IEP, bloqueurs ou anti-bloqueurs, à (continuer de) venir participer aux débats et aux votes de l'Assemblée Générale pour y débattre, y faire voter les mesures en lesquelles il croit, et demeurer respectueux du suffrage.
Kévin Robin, étudiant en 1ère année à l'IEP de Lyon