« La Ville de Lyon a ressenti avec une immense tristesse la mort de Maurice Jarre, compositeur parmi les plus aimés et reconnus de notre temps. Au nom de tous les Lyonnais, je veux exprimer mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses nombreux amis dans le monde.
J’avais eu l’honneur et le privilège de remettre la médaille de la Ville à Maurice Jarre le 20 avril 2006 à l’occasion d’une soirée-anniversaire à l’auditorium Maurice Ravel, avec les musiciens de l’Orchestre National de Lyon. En présence de son fils Jean-Michel, de l’actrice Anne Parillaud, de ses proches, j’avais rappelé les grandes lignes de sa vie et de son œuvre impressionnante.
Né à Lyon en 1924, Maurice Jarre a fait ses études au lycée Ampère avant de rejoindre Paris et le Conservatoire où il fit ses gammes auprès des compositeurs Charles Munch, Louis Aubert, Félix Passerone, Jacques de la Presle, Arthur Honneger. Attaché à la Radiodiffusion Française devenue RTF, il participe au début des années 50 à l’aventure du TNP de Jean Vilar. A cette époque où il côtoie Gérard Philippe, Jeanne Moreau, Jean-Louis Trintignant, Georges Wilson, il rencontre Georges Franju, un des pères de la cinémathèque française avec Henri Langlois.
Maurice Jarre se voit alors confier la musique du court-métrage « Hôtel des Invalides » et de plus d’une dizaine de BO qui ont marqué l’histoire du cinéma : « Les Yeux sans Visage », « Thérèse Desqueyroux », « Judex »… Resnais, Demy, Rappeneau, Verneuil, René Clément : les plus grands font alors confiance à cet artiste de la poésie et de l’étrange qui remporte en 1962 l’Oscar de la meilleure musique pour « Lawrence d’Arabie » de David Lean.
Ce succès planétaire le propulse dans les sommets du cinéma mondial. Maurice Jarre quitte alors la ville des frères Lumière pour Hollywood. Auteur de la musique de « Docteur Jivago », de « La Route des Indes » et de quelques 150 longs-métrages signés Visconti, Hitchcock, Huston, Kazan, Schlöndorff, Eastwood, il est le compositeur français le plus reconnu, le plus prolifique, le plus primé de l’histoire du cinéma.
Maurice Jarre n’avait jamais renoncé à ses racines lyonnaises. Aujourd’hui la Cité des Frères Lumières, de ceux qui ont créé le cinématographe et dont les inventions ont changé le monde, veut rendre un ultime hommage à cet immense musicien, à son œuvre magistrale, mais aussi, à l’homme dont le talent n’avait d’égal que la gentillesse et l’humilité. La Ville de Lyon s’attachera à perpétuer sa Mémoire comme il se doit. »