Une certaine confusion médiatique s'est instaurée autour de "l'affaire Williamson". Pour démêler le vrai du faux dans ce qui s'est réellement passé, monseigneur Simon, vice-président de la conférence des évêques de France, donne quelques explications sur l'enchaînement des évènements et tente de dissiper les éventuels malentendus.
Après la mort en 1991 de monseigneur Lefebvre, fondateur de la Fraternité Saint-Pie-X non reconnue par l'Eglise catholique, ses successeurs avaient demandé au Vatican la reprise du dialogue. Ils exprimèrent deux souhaits préalables : l'autorisation par Rome de pratiquer leur rite selon le missel de 1962, et la levée des excommunications. Le pape Benoît XVI élu en 2005 souhaita faire un effort en ce sens dans un esprit de conciliation. Il leur donna satisfaction sur le premier point en juillet 2007 par la publication du motu proprio. Le second point, la levée des excommunications, concernait quatre évêques nommés par monseigneur Lefebvre sans accord pontifical.
Le 24 janvier 2009 fut donc publié par le Saint-Siège un décret levant les excommunications des quatre évêques lefebvristes. Cette mesure impliquait nullement la réintégration de ces évêques au sein de l'Eglise catholique, mais seulement une possible reprise des négociations.
C'est la veille-même de la publication de ce décret que fut diffusé sur une chaîne de télévision suédoise une interview de monseigneur Williamson dans laquelle il niait la réalité de la Shoah. Ces déclarations négationnistes étaient à ce moment-là inconnues du Vatican, car publiées quasiment en même temps que le décret.
Monseigneur Hippolyte Simon, vice-président de la conférence des évêques de France, a donné dans une lettre ouverte du 29 janvier 2009 quelques détails sur le scénario d'emballement médiatique qui s'en suivit. Non sans une certaine colère, il explique que Williamson et ses adeptes ne voulant pas de ce rapprochement, tentèrent d'en ruiner le processus. A cette fin ils lancèrent une "bombe médiatique" sous forme d'une interview exprimant des propos négationnistes. Ses partisans italiens "organisèrent une fuite", selon l'expression de monseigneur Simon, en direction du média italien Il Giornale, fuite relayée par la plupart des médias qui annoncèrent que le Vatican avait réintégré un évêque négationniste. L'objectif était de discréditer le pape en provoquant un amalgame avec le révisionnisme, position qui n'est pas sans évoquer dangereusement l'antisémitisme.
Il fallut pour le Vatican multiplier les déclarations condamnant totalement ces propos intolérables, rassurer les milieux juifs, s'expliquer dans un climat de confusion. Malgré ces efforts de réparation réitérés, un certain malaise subsiste. Le chef des évêques intégristes, monseigneur Fellay, a désavoué le coupable et l'a contraint au silence. Chassé de son pays, monseigneur Williamson a "demandé pardon" sans pourtant sembler avoir changé d'avis. Le pape se rendra comme prévu en Israël en mai 2009. Paradoxalement, cet incident a été l'occasion de multiplier avec les représentants du judaïsme les échanges de témoignages d'amitié.
Le christianisme par principe ne peut pas être antisémite puisque sa croyance s'appuie précisément sur la mission du peuple hébreu. Il reconnaît celui-ci comme le peuple élu de Dieu, et comme la source de sa foi en un Dieu unique. Le rite catholique inclut toujours dans sa messe la lecture de textes juifs de l'Ancien Testament, qui fait partie intégrante de la Bible des chrétiens.
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Wulfran Barthelemy