Guillaume Duhamel : « Dominique BUSSEREAU, l'urgence planétaire a pour ainsi dire rendu obligatoire une meilleure prise en compte des intérêts environnementaux. Sont-ils toujours compatibles avec ceux de votre Secrétariat d'État ? »
Dominique Bussereau : « Bien sûr. Depuis trois ans, nous menons avec Jean-Louis BORLOO une politique des transports, qui s'appuie sur un développement ambitieux des infrastructures dans tous les domaines. Cette politique préconise aussi un transfert modal vers les transports respectueux de l'environnement, comme le transport ferroviaire, les transports publics urbains, la voie maritime et fluviale. Les chantiers mis en œuvre sont nombreux et ils convergent tous vers un système de transports intermodal, à la fois plus performant et plus propre. »
G.D : « D'une façon générale quels sont vos projets en matière de développement de la filière des véhicules électriques ? »
D. B : « Avec le Grenelle de l'environnement, le Gouvernement a fait du développement des véhicules décarbonés une priorité de sa politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de polluants locaux.
Nous accompagnons aussi leur commercialisation, à travers des commandes groupées des grandes entreprises privées et publiques. La première, pilotée par La Poste, porte sur 50 000 véhicules, ce qui insufflera une dynamique positive pour la filière. Au total, nous prévoyons la vente d'au moins 60 000 véhicules décarbonés en France d'ici 2012.
Parce que nous voulons aussi produire des batteries en France, les entreprises RENAULT, NISSAN – NEC et le CEA ont lancé la construction d'une usine dans le Département des Yvelines, à Flins. L'Etat contribue à ce projet, avec une participation du Fonds Stratégique d'Investissement [FSI] à hauteur de 125 millions d'euros à laquelle s'ajoutent 70 millions d'euros de prêts. L'usine pourra produire jusqu'à 350 000 batteries, tandis que la recherche technologique se poursuit pour améliorer leurs performances et réfléchir à la « seconde vie » de leurs composants. »
G.D : « Dans un courrier daté du 10 mars dernier et adressé au vice-président de la FED (Fédération environnementale durable), vous avez exprimé des réserves sur l'énergie éolienne. Pourquoi ce scepticisme par ailleurs susceptible de créer des tensions avec le ministère de l'Ecologie ? »
D.B : « La lettre que vous évoquez est une réponse à Michel BRONCARD qui avait interrogé les candidats à l'élection régionale 2010, pour laquelle je menais une liste dans ma région Poitou-Charentes.
L'énergie éolienne est l'une de nos ressources en termes d'énergies renouvelables. Il n'est pas question de la réduire à néant, mais de permettre son développement d'une manière raisonnée.
L'énergie éolienne restera modeste, au regard des autres modes de production d'électricité, avec un rendement globalement faible et variable. Son développement reste cependant intéressant, à condition qu'il soit encadré et n'empiète pas sur le bien-être de nos concitoyens ou la beauté de nos paysages. A ce titre, je suis opposé à tout développement anarchique de l'éolien dans une région comme Poitou-Charentes, aux paysages variés. D'autres endroits s'y prêtent mieux, notamment les vastes plaines où l'intérêt paysager est moins évident. Je suis également opposé au développement de l'éolien en mer au large des côtes de ma Région. »
G.D : « On vous sait très attaché à votre région. Vous êtes d'ailleurs président du Conseil général de Charente-Maritime et avez été tête de liste UMP en Poitou-Charentes lors des dernières élections régionales. Que pensez-vous de la politique de transports conduite par le Conseil régional ? »
D.B : « Le Conseil Régional gère les transports régionaux au quotidien, mais ne sait pas dégager une vision ambitieuse pour l'avenir de notre région.
Ainsi, pour la future Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique, qui rapprochera Poitiers, Angoulême et Niort de Paris, mettra Angoulême à 30 minutes de Bordeaux, Poitou-Charentes a été un frein dans la conclusion des accords de financement, là où l'Aquitaine et Midi-Pyrénées s'engageaient avec conviction. De même, pour le TGV Poitiers-Limoges, la position de la Présidente du Conseil régional est incohérente.
Et je ne parle du projet de poursuite du TGV jusqu'en Saintonge, au cœur de la Charente-Maritime, deuxième département touristique de France et département le plus peuplé de la région, que le Conseil Régional n'a eu de cesse de contrecarrer depuis 2004 ; alors que diffuser la grande vitesse au cœur de la région est un projet mobilisateur.
Quant aux routes, le Conseil régional a fait le choix d'être absent des projets qui seront réalisés dans les prochaines années ; l'Etat a accordé à Poitou-Charentes l'une des enveloppes financières les plus importantes de France, mais le Conseil régional a fait le choix politique de se tenir en marge de cette dynamique. Il faut avoir conscience que ces choix pèseront gravement dans le quotidien des habitants de Poitou-Charentes. »
G.D : « Serez-vous directement concerné par le remaniement ministériel annoncé pour fin octobre ? Les organisations patronales du secteur des transports font pression pour obtenir la création d'un ministère à part entière, alors même que la tendance semble être à une limitation des postes… »
D.B : « Appartenir au Gouvernement de la France, c'est d'abord être appelé à servir son pays. Cela fait plus de huit ans que j'ai l'honneur de remplir cette mission exaltante. Je souhaiterais, après le remaniement, me consacrer à mes responsabilités de parlementaire et d'élu local.
En ce qui concerne les pressions, la caractéristique d'un bon Gouvernement est justement de les contenir… »
Propos recueillis par Guilaume DUHAMEL,
pour zegreenweb.com
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