A l’heure où la France a pris l’option de commémorer l’abolition de l’esclavage, où le monde semble vouloir se débarrasser des empruntes de son passé douloureux, l’époque où l’on a vu Obama accéder aux plus hautes fonctions de la première puissance mondiale Victor Kathémo nous livre un roman où la magie du verbe s’opère pour servir quelque cause noble.
Dans un style flamboyant,
un rythme palpitant, un pamphlet aigre-doux et une précision métronomique, Victor Kathémo dissèque un nom dont le sens nous ramène à trois siècles d’histoire pour dévoiler des personnages avec des parcours singuliers et instructifs.
Une généalogie rongée par le poids des traditions, un miroir du passé dont les reflets nous éclairent sur les impasses du présent.
Une quête d’identité, comme un désert plein de mirages parcouru par un athlète fourbu.
Apparaissent ainsi en filigrane dans cette œuvre originale et en phase avec l’actualité des thèmes récurrents que sont l’esclavage, la colonisation, les conflits ethniques et l’immigration.
Une histoire émouvante dans les méandres de la mémoire collective. En plongeant dans ses racines, Victor Kathémo aborde ici les questions fondamentales de l’identité africaine ou non.
L’histoire : elle commence avec Bilemba, monarque local vénéré
par ses sujets pour avoir épargné à son peuple la domination germanique lors des conquêtes coloniales. De Bilemba, on passe
à son fils, Mboko, qui sauve des missionnaires européens d’une vindicte publique aveugle.
Arrive Simakeita, fils de ce dernier, lequel se marie à une esclave vendue par ses pairs et qu’il rencontre dans une clairière. De ce personnage,
on passe à Kathémo, son rejeton, qui abandonne les siens pour contrevenir à l’ordre de l’enrôler dans la force publique pour aller guerroyer aux côtés des alliés et de stopper ainsi la déferlante des armées allemandes. Puis, un peu comme le moment qui précède une parturition, intervient dans ce livre une période de grand remous qui apporte des bouleversements profonds et voit des descendants de Bilemba émigrer sous d’autres cieux, sur des terres enneigées où leur pied perd toute sa fermeté. On finit par se dire que la vie est une boucle et que, où qu’il aille, l’être humain ne peut, spontanément, parvenir à se débarrasser de sa croix.
L'extrait : « Il a fini par perdre son humour, son amour. Il s’était rangé, ses souvenirs engrangés, sans aucun gage pour son avenir. Il sentait maintenant le caoutchouc tel un scaphandrier, comme si l’Occident lui avait fourni un étui neuf dans lequel il s’était glissé. Il a fini par se prendre dans la nasse, se fondre dans la masse, marcher dans les clous, au pas, comme un automate, marcher droit devant, sur des voies tracées au cordeau, devenir lisse, sans relief, perdre son magnétisme et sa magnitude tel un astre en déclin, perdre son éclat sans éclaboussures telle une étoffe qui a subi la loi d’un tambour infernal, d’une machine effrénée… »
Naître ou ne pas naître Noir. Ni l’un ni l’autre mais naître. L’un et l’autre selon cette petite métisse. Normal car la vision du monde se déploie à partir de soi, chaque individu se croyant
au centre de l’univers. Un roman au graphisme enchanteur, à la lisière de l’essai, et qui donne
à réfléchir sur la condition d’un Noir dans le monde contemporain.
GENRE : roman - FORMAT : 15/21 - PAGES : 184 - PRIX : 17 euros
Sortie nationale : Eté 2009
Editions Myriapode
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