Tribune Libre rédigée par Christian-François Viala, fondateur de Yes Profile, relative au contrôle des données personnelles par les individus.
Les données personnelles forment le profil d'une personne, et en sont sa propriété exclusive, en théorie. La réalité est un peu différente. Conscientes du fait que chaque profil vaut de l'argent, de nombreuses sociétés s'accaparent ces informations pour les vendre en dépossédant l'individu de son titre de propriété. Cet acte est intrusif comme si des sociétés louaient des maisons sans réellement demander l'autorisation des propriétaires, ni leur reverser de revenus de location. Les individus accepteront-ils encore longtemps de se sentir exclus de ces échanges et démunis de tout moyen de contrôle ? Christian-François Viala, expert du marché propose un décryptage pour mieux comprendre les enjeux de cette problématique.
Les données personnelles, l'or noir du 21ème siècle
Le profil d'une personne se définit par l'accumulation de données personnelles récoltées, plus il est enrichi, plus il vaut cher. Par ce biais, elles leur proposent des produits ou des services adaptés à leurs attentes, et les contactent par voie postale, email, téléphone, sms ou via des espaces publicitaires.
Le profil d'une personne est vendu, revendu ou loué plusieurs fois par jour. Cependant des questions surgissent : le profil qui est diffusé est–il le bon ? Est–il celui qui représente vraiment le consommateur ? L'a-t-il validé ? Choisit-il les personnes qui louent et achètent son profil ?
L'utilisation abusive des données personnelles
Aujourd'hui, des milliers d'entreprises vendent et/ou louent les profils aux annonceurs. La diffusion des données personnelles via une multitude de bases de données se traduit par la réception de 15 à 150 spams en moyenne par jour.
Depuis 5 ans ce mouvement s'est accentué avec l'utilisation croissante des PC, tablettes et des Smartphones ainsi qu'avec la démultiplication des sites internet (E-commerce) et des réseaux sociaux.
L'internaute s'exaspère et se sent de plus en plus traqué. Les bannières publicitaires adaptées au profil du consommateur sont rendues possibles par la vente de son profil et la location de son suivi en temps réel sur les sites visités.
Les informations sont aujourd'hui mutualisées sur des « méga » plates-formes (nouveaux « propriétaires » des profils), chacune des sociétés pouvant venir y piocher la data souhaitée et ainsi partager les revenus de ces locations de fichiers. Les acteurs du marché sont passés du CRM, aspiration et analyse des données personnelles, au VRM (Vendor Relationship Management), mutualisation et location de ces datas dans des méga bases.
La nécessité de replacer l'individu au centre de l'écosystème
Au final, l'individu occupe une place centrale mais il est complètement exclu de l'écosystème ! Le web 2.0 repose, au départ, sur le partage des informations, mais comment faire aujourd'hui pour les contrôler alors qu'elles sont récoltées et vendues par des sociétés sans aucun consentement ?
L'industrie de l'e-mailing voit ses taux d'ouverture de mails s'effondrer car certains ont abusé des fichiers en inondant les boites mail. Le marché du Marketing Direct a l'obligation de se rénover, d'innover afin de satisfaire les utilisateurs et les annonceurs.
Avec l'effondrement des solutions actuelles et l'apparition de nouvelles orientations légales, les marques ont désormais besoin de trouver l'information en direct et de manière transparente. Certains nouveaux outils sont sollicités par les consommateurs, plus attentifs, pour établir une relation de confiance et surtout légale. C'est le cas du Permission Marketing qui permet à l'individu, l'internaute de devenir décisionnaire en sélectionnant les marques avec lesquelles il a envie de créer une relation de consommation équilibrée, claire et transparente. Laissez donc rentrer l'individu dans le « jeu ». Vive le « Permission Marketing » !