Napoléon Bulllukian, mécène et ami des artistes de son temps de la région lyonnaise tels que Couty, Montet, Chancrin, Fusaro, n’a pas connu Evaristo. De ce fait, il n’y a aucune œuvre du peintre dans sa collection. Il est vrai que le singulier talent d’Evaristo, la force de son œuvre à révéler l’être humain face à la cruauté du monde et à la mort sont parfois déroutants, voire dérangeants. Pourtant, la personnalité très attachante d’Evaristo, sa générosité et les similitudes de son parcours avec l’exceptionnel destin de Napoléon Bullukian nous incite à rapprocher le mécène et l’artiste. C’est pourquoi la Fondation Bullukian, créée en 1986 selon les vœux du mécène et qui poursuit ses missions dans les trois domaines qui lui tenaient à cœur (l’art, la médecine et les œuvres sociales arméniennes) est heureuse d’accueillir aux Echanges Culturels Bullukian cette rétrospective des gouaches d’Evaristo.
Napoléon Bullukian (1907-1984) est l'un de ces nombreux immigrés qui ont fui l'Arménie du génocide de 1915. Il a à peine dix ans lorsque débutent les massacres. Il arrive en France en 1923, portant pour toujours la mémoire de sa famille assassinée. Lui-même sera déporté, puis vendu comme esclave. C'est dire que d'emblée toute sa vie est non seulement à construire, mais surtout à reconstruire. Arrivé à Marseille, il rejoint Lyon et s'y installe. Il s’y fait rapidement un nom en tant qu’entrepreneur bâtisseur, puis en tant qu’industriel. Mais Napoléon Bullukian est aussi un grand humaniste, toujours prêt à aider ceux qu’il croise sur sa route et qui, comme lui, recherchent la liberté.Iil apprécie l’esprit libre des artistes et se passionne pour la création et l’innovation, dans tous les domaines, cherchant à gommer un passé douloureux qui le hante.
Evaristo est également un immigré qui tentera toute sa vie, par son activité créatrice, de dire sa souffrance et de reconstruire son identité. Il est né en 1923, d’une famille de paysans pauvres et de tradition catholique. De son enfance, il ne lui reste que des souvenirs douloureux : la faim, les visites de la guardia civile persécutant un père aux idées trop libérales. Son adolescence sera brisée par les horreurs de la guerre d’Espagne. La République vaincue, le franquisme triomphant, à seize ans commence pour Evaristo un itinéraire d’exilé politique qu’il fixera d’une toile à l’autre dès le début des années cinquante. Sa peinture fut toute sa vie un exutoire, il peignait la nuit, en plus du nécessaire travail pour gagner sa vie. Ouvrier dans une usine à Saint-Fons, Evaristo s’est fixé définitivement à Vallon-Pont-d’Arc depuis qu’il est à la retraite. Il a retrouvé, dans l’aridité de cette terre ardéchoise du sud, le climat et les oliviers d’une région d’Espagne où il est né.
Napoléon Bullukian et Evaristo : deux créateurs, deux homme en quête de liberté et engagés qui ont chacun choisi un mode d’expression différent pour sortir de l’anonymat et témoigner de leur force de vie.
La Fondation Bullukian est heureuse de présenter l’œuvre sur papier et quelques sculptures de ce grand artiste trop peu connu.
Un livre de192 pages présentant l’ensemble des gouaches a été édité par les Amis du peintre. Numéroté et signé par l’artiste, celui-ci comprend une préface de Jean-Jacques Lerrant et des textes d’Anne Brouan, Jean-Noël Dumont, Gérard Gamand et Bernard Gouttenoire. Il est disponible au prix de 65 € uniquement auprès de la Fondation Bullukian et de l’association des amis du peintre Evaristo.
Aux Échanges Culturels Bullukian
Entrée libre du mardi au dimanche de 14h à 19h
26 place Bellecour 69002 Lyon
Tel/ Fax : 04 78 38 02 01
Contact presse :
Fondation Bullukian 26 place Bellecour 69002 Lyon
Tel: 04 72 52 93 34