samedi 17 juin à partir de 19h00 - entrée libre
conception : groupe MOI
Vincent delpeux, Bertrand Saugier, Pascal Thivillon
avec :
Anne Ferret, Frédérique Mille, Anne Raymond - comédiennes
Damien Dreux, Olivier Gabrys, Régis Rasmus - danseurs
Fredéric Dubois - création sonore
Yoann Tivoli - création lumière
groupe MOI - images
principes du dispositif :
Après être entré - seul - dans la salle, le spectateur se retrouve face à un pupitre et neuf personnes : trois danseurs, trois comédiennes, un plasticien, un éclairagiste et un musicien. Le spectateur doit sélectionner un évènement historique (dans une liste de 40 dates) et choisir entre un et neuf modes de représentations. Une fois le choix validé, les éléments convoqués se placent dans l’espace et leur action simultanée compose alors une image de cet évènement, ni reproduction fidèle, ni reconstitution minutieuse : une évocation.
Simultanément, la captation filmée de ces interventions est diffusée à l’extérieur de la salle, visible par les précédents et futurs spectateurs.
à propos de la performance précédente au NTH8 du 4 février 2005 : texte extrait de "Silence les agneaux" de Claire Peillod
Le dispositif d’une oeuvre participative est en place. L’artiste - ici le collectif Dig Ding Dong (aujourd'hui MOI) - est le concepteur d’un protocole et chaque visiteur, entrant dans la salle d’exposition, accepte le contrat implicite de s’y soumettre. Le spectateur est invité à s’investir dans une création collective déterminée par un processus artistique. Il donne son temps de visite, sa pensée, son expression - ici, son dessin -, en échange d’une place dans la petite communauté éphémère des participants à l’action. Cette forme d’art d’intervention n’est pas singulière, elle est même très banale. On en connaît les limites, quelque part entre la mondanité et l’animation socioculturelle 1. Les oeuvres, les participants et leurs résultats ne sont pas les mêmes, qu’il s’agisse d’une soirée de vernissage au Palais de Tokyo ou d’une résidence dans un quartier politique de la ville. Mais elles ont en commun que l’artiste renonce à sa maîtrise sur le résultat de l’oeuvre, sur le contenu exact du moment vécu collectivement. Il se limite à fournir le contexte, et renonce à son autorité finale 2. Le visiteur sollicité est acteur dans un collectif, et fréquemment interpellé dans sa citoyenneté. ... Ici, le processus se déroule dans l’espace de la fiction, qu’est la boîte noire du théâtre, et élabore la participation de chacun sur des éléments
autoritaires. Le protocole est énoncé sous forme de loi, répétée verbalement et visuellement. Le mot “silence” est projeté en rouge sur
le mur. Les voix amplifiées des acteurs lisent en permanence, comme pour un lavage de cerveau. Les participants installés autour de la table quadrillée n’ont pas droit à l’échange, ne sont pas dans un “être ensemble” mais chacun dans sa solitude devant son choix et sa page blanche. On est dans un espace totalitaire. La position modeste de l’artiste, en retrait dans le noir, “commis aux écritures” veillant à la fluidité du fonctionnement de l’installation, devient une surenchère d’autorité. Il est présent mais invisible des participants, qui, aveuglés par la lumière de la table et cernés par l’obscurité, regagnent la sortie à tâtons, une fois leur travail accompli. Le
protocole est une machine, absorbant des visiteurs selon un compte annoncé à l’extérieur ; l’artiste joue un rôle de contremaître, un rouage de l’organisation. La violence du dispositif fait échapper à l’angélisme de l’art réparateur social, comme à la mondanité. Chacun est confronté à sa solitude, face à la question posée.... Claire Peillod, mars 2005
1 Lire à ce sujet Paul Ardenne, “un art contextuel”, p 204, Flammarion 2002.
2Dans une oeuvre “classique”, l’artiste garde l’énigme du sens et l’autorité de la forme
comme dernier mot,même si ce sont “les regardeurs qui font les tableaux”
Contact presse :
Marie-Emmanuelle Pourchaire
Nouveau Théâtre du 8e
04 78 78 33 30