L'IUFM d'Aix-Marseille s'inquiète des récentes propositions ministérielles sur la « mastérisation », qui minorent la dimension professionnelle des enseignants.
Enseigner est un métier qui s'apprend. On ne naît pas enseignant, on le devient en se formant.
Cette formation doit articuler maîtrise des savoirs disciplinaires, maîtrise de l'enseignement de ces savoirs et maîtrise du rôle d'enseignant.
Priver les étudiants de cette formation professionnelle amènerait inexorablement vers une qualité d'enseignement moindre.
Les connaissances disciplinaires ne suffisent pas pour enseigner
Jacques Ginestié, directeur de l'IUFM d'Aix-Marseille, dans un courrier adressé à la communauté politique de la région, met en exergue la problématique posée suite à ce projet de réforme : « Nous aurions pu penser que la « mastérisation » de la formation des enseignants aurait permis de renforcer les compétences et les connaissances des jeunes étudiants dans les trois domaines qui fondent la professionnalité d'un enseignant : la maîtrise des savoirs disciplinaires qu'il aura à enseigner, la maîtrise de l'enseignement de ces savoirs et la maîtrise du rôle d'enseignant dans le système éducatif actuel. Un haut niveau de compétence dans un seul de ces domaines est une condition nécessaire mais loin d'être suffisante ; c'est la complémentarité des trois à un haut niveau de formation qui permet de faire évoluer durablement l'expertise des enseignants dans la prise en charge des missions d'éducation et des défis de l'école . […]
C'est pourtant nos enfants et leur avenir que l'on se propose de confier à ces jeunes enseignants qui débuteront armés de leurs seules connaissances disciplinaires très spécialisées, acquises à l'issue d'un master. La formation professionnelle des enseignants n'est pas « un supplément d'âme que l'on rajoute à la sauvette ».
Vers la disparition des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres
L'objectif est clair : supprimer les IUFM ainsi que la formation de haut niveau et de qualité équilibrant les trois domaines qu'il dispense. Le résultat promet d'être désastreux : « Sans ce caractère professionnel, les enseignants ne sauront pas adapter leur pratique à la diversité des situations, ce qui accentuera la différenciation des élèves et sera donc contre-productif avec le principe même d'égalité des chances ». […]
« Plus localement, selon les choix définitivement arrêtés par les ministères concernés, c'est la couverture académique qui est également remise en cause et, tout particulièrement, ses implantations locales. La confusion de la formation des enseignants dans la carte des masters existants conduira inévitablement à leur concentration sur les sites universitaires actuels mettant en péril l'existence des sites excentrés alors même que l'identification claire de cursus de formation des enseignants – incluant une diversification des débouchés possibles au-delà des seuls concours de l'éducation nationale – serait au contraire renforcée par une politique de diversification des lieux de formation. » souligne Jacques Ginestié.
Contact presse :
Heidi Osterwalder
Chargée de communication IUFM d'Aix-Marseille
04 91 10 75 81
06 84 46 26 47