Dans le cadre de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France , qui aura lieu le 19 juillet cette année, Sylvie Cozzolino, journaliste à France 3 Rhône-Alpes -Auvergne, a réalisé trois sujets portant sur des destins de victimes des persécutions et le portrait d'un juste.
16-19 juillet 2009
Dans le cadre de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France , qui aura lieu le 19 juillet cette année, Sylvie Cozzolino, journaliste à France 3 Rhône-Alpes -Auvergne, a réalisé trois sujets portant sur des destins de victimes des persécutions et le portrait d'un juste.
Les portraits ont illustrant trois situations de persécutions différentes ont été documentés par Dorot association d’histoire grâce à ses fonds documentaires ainsi qu’aux fonds des Archives départementales du Rhône et particulièrement des collections relatives aux étrangers.
Ces collections exceptionnelles représentent environ un million de documents pour la période 1933-1948. Elles seront numérisées pour le Centre de documentation Juive Contemporaine- Mémorial de la Shoah afin de les préserver et de faciliter leur communication aux chercheurs et aux familles.
• Susanne Pollak, retour à Chansaye sur Poule :
Les parents de Mme Pollak-Heinz et Ilse ont été internés en mai 1940 au camp de Gurs parce qu’ils étaient considérés par le gouvernement comme Indésirables, après l’armistice ils sont maintenus en détention en raison des premières mesures du gouvernement de Vichy contre les juifs étrangers.
A l’automne 1941 ils sont transférés dans le Rhône dans le premier centre d’accueil ouvert par la DCA (Direction des centres d’accueil) dirigée par l’Abbé Alexandre Glasberg.
Le centre de Chansaye a accueilli pendant sa période d’activité 1941-1944 une centaine d’internés toujours sous contrôle de l’administration des camps, leur permettant d’échapper aux terribles conditions d’internement. Susanne Pollak est née dans la clandestinité à Lyon quelques jours après les rafles du 26 août 1942.Prise en charge par le réseau des Amitiés Chrétiennes et par l’OSE la mère et l’enfant survivent et rejoignent à la libération Heinz Pollak qui avait rejoint la résistance armée dès 1942.
• Jean-Paul Rosner , enfant caché.
Jean Paul Rosner et son frère ont échappés aux rafles en étant cachés sous une fausse identité en Isère. La famille Rosner est arrivée en France de Pologne dans les années 20, en 1934 les trois frères, Jacob, David et Maurice ouvrent un atelier de fourreur, très vite l’entreprise prospère et lors de la promulgation des lois d’aryanisation le magasin du 11 rue de Constantine est placé sous administration provisoire. Spoliés les frères Rosner sont recherchés et passent dans la clandestinité, Jacob confie ses deux fils à une famille chrétienne dans l’Isère. Cachés sous une fausse identité les deux garçons sont scolarisés et retrouvent leurs parents à la libération.
• Robert Nathan : Albert Nathan assassiné par la Milice de Touvier
Robert Nathan a 12 ans lorsqu’il assiste à l’arrestation de son père par Paul Touvier chef de la milice de Lyon en mai 1944. Albert Nathan dont le frère a été arrêté s’est fait extorquer 50 000 Frs par Touvier afin de faire libérer son frère de Montluc. Albert est conduit à Montluc, Isaac est déjà déporté pour Auschwitz où il est assassiné. Albert Nathan âgé de 39 ans est assassiné et son corps est retrouvé dans l’un des charniers du champ d’aviation de Bron. Robert Nathan s’est retrouvé face à face avec Paul Touvier pendant l’instruction du procès de ce dernier.
• Alexandre Glasberg, un Juste exceptionnel.
"Français d'origine slave, catholique d'origine juive, prêtre aux idées sociales de gauche", 1902-1981
Né en 1902 dans une famille de l'importante communauté juive de Jitomir, alors en Russie tsariste, aujourd'hui en Ukraine, Alexandre Glasberg n'a volontairement donné que peu d'informations sur sa famille.
Ordonné prêtre le 24 septembre 1938 dans l'Allier, il demande l'année suivante à rejoindre le diocèse de Lyon et est nommé vicaire à Notre-Dame de Saint-Alban, une paroisse d'avant-garde où l'abbé Laurent Rémilleux effectue un travail pionnier dans l'accueil aux réfugiés et l'aide sociale. A Saint-Alban, est créé à côté de l'église, et de façon distincte, le premier centre social de Lyon. Aussi, l'abbé Glasberg accueille et soutient lui aussi les premiers réfugiés qui fuient les persécutions nazies, et les protège des risques d'internement que le décret Daladier de 1938 a institué. La défaite de 1940 augmente le nombre des victimes désignées dont les juifs étrangers et les militants politiques allemands et autrichiens opposants au régime nazi.Dans la suite logique de son action à Saint-Alban, il propose au cardinal Gerlier, archevêque de Lyon de créer un Comité d'Aide aux Réfugiés (CAR), dont ce dernier accepte la présidence. Vient ensuite la création de la DCA (novembre 1941) et des centres d'accueil.
L'abbé Glasberg, surprend au sens propre et au sens figuré.
Lucien Lazare, dans la biographie qu'il a consacré à l'abbé Glasberg écrit : "A l'heure du déjeuner, il se rendait parfois rue Lanterne où, dans un entresol délabré, un restaurant miteux servait des repas préparés selon les règles de la cuisine rituelle juive. Pas cérémonieux le moins du monde, ce curé saluant en yiddish les consommateurs d'une voix tonitruante causait une surprise de taille. Mais il dissipait vite l'embarras, instaurant une ambiance de fraternelle complicité".
"Il prend tranquillement l’habitude du travail clandestin, en cachette d’une hiérarchie frileuse". Il fournit des faux-papiers, organise des passages en Suisse, déplacent les personnes menacées d'un centre à un autre, fournit des cachettes par l'intermédiaire des membres de son réseau, etc. Il participe également au sauvetage de 108 enfants juifs raflés en août 1942 et enfermés au camp de Vénissieux.
En 1944, l’abbé Glasberg fonde l’association Service des étrangers qui devient Centre d’Orientation Sociale des Étrangers en 1946 puis Centre d’Orientation Sociale en 1960. En 1971, il est co-fondateur de l’association France Terre d’Asile. Il est fait Chevalier de la légion d’honneur en 1972, il décède le 22 mars 1981. Il recevra avec son frère Victor Glasberg, arrêté en 1943 et mort en déportation, la médaille des Justes des Nations à titre posthume en 2004.
Les reportages seront diffusés dans les journaux de 19 h de FR3 Rhône-Alpes à partir du 16 juillet 2009 et seront disponibles en podcast ainsi que sur le site exilordinaire.org .
Pour plus de renseignements :
Manuela Wyler, dorot association d’histoire
Photographies libre de droit sur demande
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