Les œuvres de Giuseppe Flangini (1898-1961) sont de nouveau exposées en France. L’Université Jean Monnet de Saint-Etienne et l’Institut Culturel Italien de Lyon organisent une importante exposition auprès l’Université. L’anthologie, qui propose au public français une sélection d’environ 80 œuvres graphiques et peintures à l’huile, exerce la comparaison entre atmosphères méditerranéennes et nordiques.
Le peintre italien a en effet considéré le paysage, italien et européen, comme le lieu d’étude du rapport entre l’individu et la réalité qui l’entoure. Il s’agit donc d’une réflexion sur l’homme et sur le paysage modifié par l’homme. Le travail trouve, par conséquent, dans sa représentation artistique, une reconnaissance esthétique. L’utilisation différente de la lumière, de la couleur et des tonalités crée diverses atmosphères : claires, lumineuses et sereines lorsqu’elles renvoient à l’environnement méditerranéen ; sombres, obscures et inquiétantes lorsqu’elles renvoient à un environnement marqué par la souffrance et par la fatigue humaine. En effet, dans des œuvres comme Solvay ou Uscita dalla miniera, l’homme est représenté fatigué par le travail et, souvent, souffrant du malaise de l’émigrant. Tandis que dans des toiles comme Spiaggia a Carqueiranne, les jaunes, les verts et les bleus représentent le quotidien serein.



Si l’intensité du message artistique, comme il apparaît désormais acquis, est en étroite relation avec la sensibilité et la capacité d’observation du consommateur, le contexte de l’exposition et l’environnement culturel dans lesquels l’œuvre d’art est proposée revêtent une importance indiscutable pour déterminer l’intensité du message et la richesse multiple de sa contemplation.
L’exposition de Giuseppe Flangini, qui sera présentée à partir du 20 septembre à Saint-Etienne (France), en collaboration avec l’Institut Culturel Italien de Lyon, permettra une lecture significative des œuvres de Flangini. L’événement permettra en effet une lecture et une appréciation particulière de la part du public français qui saura certainement saisir, dans les œuvres de Flangini, l’intensité d’un message et d’un talent artistique qui, avec la production picturale française, et tout particulièrement la production post-impressionniste, a montré une affinité thématique et constitutive unanimement reconnue et appréciée.
Il est opportun de rappeler que la ville de Saint-Etienne et la Région Rhône-Alpes ont été une des destinations principales de notre émigration en France et que, encore aujourd’hui, est installée, dans la région de Saint-Etienne, une communauté d’Italiens assez importante. Si autrefois, c’était l’industrie lourde et l’activité minière qui déterminait le prestige et la richesse de cette Région, aujourd’hui en revanche elle se trouve, par la conjoncture, dans une phase de grande reconversion des activités de production et ce sont plutôt l’Université, le Musée d’Art et de l’Industrie et, surtout, le fameux Musée d’Art Moderne qui font accroître le prestige de Saint-Etienne. Il est certain que nos compatriotes, leurs descendants et en général tous les amateurs de l’art italien, comtemporain et classique, sauront saisir des échos lointains de luminosité vénitienne dans la richesse chromatique de Flangini.
Mais la multitude des intérêts du peintre véronais (qui fut également écrivain et scénographe) et la variété de son inspiration pourront également se révéler dans toute leur intensité dans les œuvres inspirées par cette lumière et par ces atmosphères nordiques, que Flangini avait connues durant ses longs séjours en France, en Belgique et en Hollande.
De sa connaissance directe et de l’intense fréquentation des environnements flammands, Flangini acquit une sensibilité accrue pour ce monde d’activité dense et tourmenté, dont l’aspect le plus manifeste était l’activité minière et la rudesse de l’environnement. Nombreuses sont les œuvres que Flangini dédia au thème de la mine et des mineurs. Même la description crue des environnements et la représentation réaliste d’une humanité immergée dans une lumière sombrement traversée par la fumée des cheminées industrielles se transfigurent, dans l’œuvre de notre peintre, dans une savante présentation de couleurs fortes qui se composent dans la luminosité d’une message qui, par sa richesse chromatique, nous apparaît comme une vaste méditation sur la condition humaine.
Flangini fut un grand peintre de paysages, mais toujours, dans ses œuvres, la présence de l’homme cohabite en harmonie avec la nature et l’environnement. Son sens naturel de la couleur envahit également les toiles au thème explicitement social et la cohésion plastique des figures humaines ne paraît jamais grandiloquente et exclusive, révélant une coparticipation humaine capable de s’exprimer toujours avec une vigueur harmonieuse.
Nombreuses ont été les expositions, outre les études et les monographies, dédiées à Giuseppe Flangini : de Vérone (sa ville natale où il naquit en 1898 et où il mourut en 1961) à Milan, de Turin au Luxembourg, de Mantoue à Pavie. Nous voulons rappeler, par l’importance particulière de l’événement, qu’en 2003 le Ministère italien des Affaires Etrangères a choisi une exposition de Flangini pour représenter l’art et la culture italienne, dans le cadre de la manifestation internationale Europalia de Bruxelles et à l’occasion du Semestre Italien de la Présidence de l’Union Européenne.
Art et culture italiens qui, même à l’occasion de l’exposition de Saint-Etienne, pourront révéler, avec la richesse chromatique et la force délicate des œuvres de Flangini, toute leur valeur et leur sensibilité humaine.

Ivano Marchi
Directeur de l’Institut Culturel Italien de Lyon