LIEU DE LA VENTE Drouot Richelieu – 9 rue Drouot
75009 Paris - Salle 5
EXPOSITION
PUBLIQUE Mardi 15 décembre de 11h à 18h / Mercredi 16 décembre de 11h à 12h
Cette
vente propose aux enchères plusieurs pièces de première importance comme un
bronze de Mercure portant l'enfant Bacchus ou « Hermès Dionysophore » (I-IIème
siècle) lot 220.
Elle
présente également un torse monumental de statue porte-enseigne, que les
experts attribuent à Ramsès II.
Ce
torse en granodiorite aux dimensions peu communes, date du règne de Ramses II,
entre 1279 et 1213 avant J.-C.
Il
représente le corps du roi dressé, de face, avec une anatomie précisément
dessinée, qui met en valeur des clavicules très présentes et un modelé
exprimant cette notion de puissance.
Devant
son bras gauche figure une enseigne de section rectangulaire gravée d'une
colonne hiéroglyphique : “[...] Ptah-Tatenen, Ô mon fils issu de mon flanc
que j'aime, le Roi de Haute et Basse Égypte Ouser-Maât-Rê [...]”
«
Cette pièce est exceptionnelle, par ses dimensions monumentales et par son
caractère historique. Elle est d'origine royale et provient probablement du
temple de Memphis. A ce jour, aucune autre statue porte enseigne similaire
n'existe sur le marché ; elles ne sont présentes que dans les institutions
publiques telles certaines pièces exposées dans les collections du British
Museum et du Louvre. » commente
Christophe Kunicki, l'expert de la vente.
Le
thème du porte-enseigne apparaît dans les représentations en bas-relief et
ronde-bosse égyptiens au cours de la XVIIIe dynastie. La première attestation
d'un document de cette nature remonte au règne de Thoutmôsis IV. C'est au cours
de la XIXe dynastie que la statue porte-enseigne prend de l'importance pour se
généraliser sous Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.). Les oeuvres appartenant à
cette catégorie représentent un roi ou un particulier, serrant contre lui un ou
deux emblèmes divins.
Anciennement
qualifiées de “pieu sacré”, ces enseignes sont à distinguer des enseignes de
nomes ou des étendards militaires. Elles sont constituées d'une longue hampe
supportant un large collier en égide, lui-même surmonté d'une tête de divinité
humaine ou animale, placée à hauteur de l'épaule ou de la tempe de celui qui la
tient. La hampe attachée à ce groupe statuaire présente ici une formule gravée
comportant la titulature royale, le nom de Roi de Haute et Basse-Égypte (ny-sw.t
bjty) ainsi qu'une formule canonique adressée au dieu Ptah-Tatenen.
Ce
dieu de Memphis, dont le nom signifie “la terre qui se soulève” incarne
le point de départ de toute création par le démiurge.
Apparu
dans les textes funéraires dès le Moyen Empire, il prend de l'importance au
Nouvel Empire en s'associant à la figure de Ptah.
Puis à l'époque de Ramses,il se confond avec lui, devenant à son tour le démiurge sous le nom de Ptah-Tatenen. Son nom est déterminé par l'image du dieu coiffé de deux serpents dressés l'un derrière l'autre qui donnent par la suite les deux plumes d'autruche accolées coiffant sa couronne.
Exposés
dans les sanctuaires ou portés par les prêtres lors de certaines processions,
ces « pieux sacrés » étaient réalisés en bois précieux souvent plaqués d'or et
ornés de rubans. Les hampes, en tant que support d'enseignes à l'effigie des
principales divinités du panthéon égyptien étaient considérées, elles aussi
comme sacrées. Véritables manifestations d'un aspect de la puissance divine,
elles en assurent la présence agissante.
Parmi
les principales figures divines, on note la présence d'une représentation
d'égide à tête humaine, dont les caractéristiques sont celles du roi. Le rôle
de cette dernière ne semble cependant pas le même que celui des autres
enseignes.
Associées
au culte du ka royal, mais également à celui des autres divinités composant le
corps de la procession, les statues porte-enseigne mettant en scène le roi
étaient des représentations destinées à souligner l'importance des rites.
Le
Nouvel Empire est une période où la religion officielle semble avoir subi une
inflexion marquant son essence théologique. Aux scènes montrant le roi dans son
rôle d'officiant, on ajoute celles mettant en lumière le ka royal. C'est
d'ailleurs pourquoi l'enseigne du ka du roi était présentée à la vénération des
fidèles au même titre que les autres enseignes divines.
Prisé
par les particuliers dans leurs représentations en porte-enseigne, le ka royal
est progressivement devenu pour les ramessides un moyen de répandre l'image
royale dans les contrées reculées de leur territoire, où la présence physique
du souverain se faisait rare. Cette fervente dévotion au ka royal sous l'aspect
de l'enseigne s'explique par le fait que cet objet était l'un des rares
éléments cultuels sortis du sanctuaire du temple à l'occasion de fêtes et des
processions de barques divines.
L'importance
prise par ces représentations du roi en porte-enseigne débouche sur une
institutionnalisation du culte du mdw-sps, pendant une longue période,
alors que le type de statue porte-enseigne disparaît avec la fin du Nouvel
Empire.
«
Les qualités esthétiques de ce torse, sa magnificence et son emphase,
attestent de son caractère royal. Ainsi ses proportions monumentales soulignent
son utilisation comme objet de propagande pour célébrer la toute puissance de
Ramses II » commente Christophe Kunicki.
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