Un débat de 13 ans, ravivé ces dernières semaines, sur la saturation de la ligne de tramway T2 agite l'actualité. Réaction.
Quelques rappels : lorsqu'en janvier 2001 ouvrait la ligne T2, les étudiants, enseignants, et administratifs, se sont mobilisés sans attendre – une pétition réunissait alors plusieurs milliers de signatures – pour demander le maintien de la ligne « 39 campus » (qui elle-même était déjà saturée) reliant la station Mermoz-Pinel au campus universitaire les jours où celui-ci ouvrait. Que nenni : les acteurs politiques locaux sont restés sourds avec l'espoir que les étudiants profiteraient de leur trajet domicile campus pour venir dynamiser les commerces du centre-ville de Bron. Les commerçants n'y croyaient pas, les universitaires non plus, l'avenir leur a donné raison. Au contraire la saturation systématique, les jours de cours, de la ligne T2, a éloigné les Brondillants eux-mêmes de cette ligne, si ce n'est pour se rendre jusqu'à Lyon ou à la zone commerciale de Saint Priest. Non seulement nos commerces de proximité n'ont pas été renforcés, mais ils en ont été affaiblis. La qualité de desserte du campus n'a elle non seulement pas été améliorée mais détériorée, en temps comme en confort.
Qu'à cela ne tienne, l'erreur est humaine, on aurait pu penser qu'une correction serait apportée une fois l'erreur manifeste. Tandis que je siégeais, comme élu syndical, de 2002 à 2006 inclus dans les conseils centraux de l'Université, il n'y a pas eu une année où le sujet ne soit venu sur la table et où je ne me sois associé à ces demandes légitimes d'une communauté universitaire que l'on forçait à faire travailler dans un campus engorgé d'amiante et mal accessible. Depuis, dans mon engagement municipal, j'ai avec quelques autres fréquemment tenté de faire bouger les lignes et avancer le débat. Sans grand succès jusque-là du fait en particulier de l'absence quasi-totale de communication entre la communauté universitaire et la municipalité qui l'accueille sur son territoire.
Selon les bruits qui courent et les constructions en cours, l'Université Lyon 2 prévoit d'augmenter le nombre d'étudiants qui fréquentent ce campus de 18 000 à presque 30 000 d'ici 2020, au plus 2024. Les constructions qui s'y font en ce moment-même et celles programmées ne peuvent que donner du crédit à cette perspective dont – si on excepte cette problématique transport à solutionner – il faut être ravi. Il est évident que la desserte de ce campus déjà exsangue ne tiendra pas et doit être impérativement repensée ! Notons que les transports en commun ne sont pas les seuls à être saturés aux abords du campus : il en va de même pour les parkings.
Si les débats actuels ont une vertu c'est de démontrer le manque de communication – je n'ai de cesse de le dénoncer depuis 10 ans –entre l'Université et les pouvoirs publiques locaux. Nous aurons l'occasion d'y revenir dans de prochains communiqués tant les conséquences sont transverses.
Quelles solutions ?
A court terme : l'augmentation de la fréquence des rames sur la ligne T2 voie ses limites, de l'aveu de tous les acteurs, Sytral comme étudiants, tandis qu'on peine à savoir l'opinion de la mairie – au silence assourdissant - sur le sujet. Et si on parle de ses limites en terme de nombre de personnes transportées il faut aussi voir ses limites quant à l'impact, pour les Brondillants, sur la circulation en cœur de ville et les conditions de sécurité, en particulier au niveau des carrefours boutasse et 8 mai 45. Entre le T2 et le T5, aux heures de pointes, c'est en sortie / entré de périphérique, en « entrée de ville », 30 secondes d'interruption de circulation toutes les 60 secondes environs. Il n'y a qu'une option réellement efficace, plus ou moins la même qui est évoquée depuis 13 ans : réouvrir une ligne de navette bus entre une station de la ligne D et le campus. C'est d'ailleurs l'option soutenue par la quasi-totalité des syndicats et collectifs de l'université. Je soutiens l'idée que ce départ ait lieu non plus depuis Mermoz-Pinel comme c'était le cas jusqu'en 2001, ni depuis « Parilly » qui ne présente pas beaucoup d'avantages par rapport à cet ancien emplacement, mais depuis « Gare de Vénissieux » afin de profiter de la desserte – récente – par la ligne de Tramway T4 en plus de la ligne de métro D.
A long terme : les réponses doivent être plurielles et l'on ne peut que féliciter les collectifs et organisations étudiantes, à l'instar récemment de l'organisation écologiste « Fac verte », qui se posent en force de propositions. Ainsi que je le soutenais lors du débat municipal de ces derniers mois une volonté ferme sur la desserte en mode doux doit exister, afin que Velo'V, Blue-Ly, bornes électriques existent à Bron jusqu'à proximité du campus. De même une politique volontariste d'augmenter la part de logement étudiant à Bron, y compris dans des politiques intergénérationnelles à bilan social positif, doit être élaboré, ce qui permettrait de déconcentrer et réduire les distances et temps de transport.
Toutefois ces initiatives multiples doivent être accompagnées d'un choix structurant apportant une réponse à la hauteur du problème à solutionner, s'inscrivant dans une politique plus globale de déplacement. Nous ne pouvons que regretter la courte vue de la plupart des réponses jusqu'ici apportées. Aussi est-ce que j'exhorte les pouvoirs publics locaux – et l'université – à mettre en œuvre les moyens nécessaires à la réalisation de la ligne de tramway T6 allant de « Gare de Vénissieux » (Métro ligne D / Tram T4) à « Vaulx-en-Velin – La Soie » (Métro A / Rhône express / Tram T3), via le Terraillon sur l'axe dit « A8 » tel qu'identifié sur le Plan de Déplacement Urbain du Sytral depuis 1999 !!
Outre permettre de connecter les villes de l'Est lyonnais entre elles et correspondre à une réelle demande (attesté depuis 15 ans par plusieurs études commandées par le Sytral) autant que d'une vision pour le développement y compris économique de l'agglomération, ce tracé désengorgerait la ligne T2 dans son rôle de desserte du campus universitaire, ce au bénéfice des Brondillants en limitant les conséquences sur la circulation. Ce tracé, réutilisant pour partie la zone sud des rails du T2 et la zone nord des rails du T5 serait par ailleurs excessivement peu coûteux : le moins cher au km des projets d'infrastructures ferroviaires de l'agglomération !
Il est désolant de se dire que j'aurais pu signer ce communiqué en 2004 ; j'en ai d'ailleurs, alors, signé des similaires. Ce n'est pourtant pas un document d'archive mais un document d‘actualité. Espérons que personne n'aura à ré-écrire ce communiqué en 2024.
A Bron, le 10 avril 2014.
François-Xavier PENICAUD
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