Jamais deux sans trois, selon l'expression populaire française. La Grèce, qui a déjà bénéficié par deux fois de programmes d'aide financière en 2010 et en 2012, grâce à l'Union européenne et au FMI, pourrait avoir besoin d'une nouvelle aide en 2014.
Wolfgang Schäuble l'a admis publiquement : "La Grèce va avoir besoin d'un autre programme". Cependant, cette déclaration met Angela Merkel, en pleine campagne électorale pour un troisième mandat, dans une position délicate. La chancelière allemande a d'ailleurs réagi en déclarant mercredi qu'aucune décision ne serait prise concernant la Grèce avant l'an prochain.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a lui aussi déclaré ce mercredi dans un quotidien finlandais qu'il envisageait une nouvelle aide à la Grèce en favorisant la possibilité "d'améliorer la viabilité de la dette par exemple par l'allongement des délais de remboursement". La BCE s'est toutefois montrée plus prudente. Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a réitéré mercredi à Athènes que l'Europe pourrait examiner la question de "mesures et d'une assistance supplémentaire" à la Grèce seulement lorsque celle-ci aura dégagé un excédent budgétaire primaire.
Les deux précédents n'avaient pas suffit
Après un premier plan d'aide en mai 2010 de 110 milliards d'euros, la Grèce a obtenu en février 2012 de nouveaux prêts publics (UE et FMI) de 130 milliards d'euros, auquel s'est ajouté un effacement de sa dette de 107 milliards d'euros accordé par les fonds d'investissements et les banques. A ce jour, environ 210 milliards d'euros d'aide ont déjà été déboursés par les bailleurs de fonds internationaux d'Athènes.
Depuis plusieurs semaines, les marchés anticipent une nouvelle aide à la Grèce au vu de son taux d'endettement et de ses obligations de remboursement. Le mois dernier, le Fonds monétaire international a estimé à 11 milliards d'euros les trous dans le plan de financement de la Grèce sur 2014-2015. Selon l'UE, la dette grecque, qui a reflué l'année dernière à 156,9% du PIB, devrait repartir à la hausse à 175% cette année, alors que l'objectif de la troïka est de parvenir à un ratio de 110% en 2022. Le FMI estime pour sa part que la dette grecque atteindrait encore 124% du PIB en 2020.
Or le programme d'assistance financière internationale dont bénéficie le pays ne s'étend que jusqu'en juillet 2014.
Six années de récession
Plusieurs hypothèses sont envisagées. Le FMI fait pression pour un nouvel effacement de dette. Un nouvel « haircut » pèserait, cette fois-ci, essentiellement sur les contribuables de la zone euro. Berlin ne veut pas entendre parler car les Allemands sont les premiers contributeurs au plan d'aide à la Grèce. Cet automne, la troïka (FMI, BCE et UE) retournera en Grèce pour réévaluer le programme de réformes de la Grèce et la viabilité de sa dette.
En contrepartie de cette aide financière, la Grèce est soumise à une forte austérité depuis 2010. Ce processus d'assainissement budgétaire se traduit par une récession historique pour le pays, avec une chute cumulée du PIB de près de 25% depuis son pic de 2007. Le pays connaîtra en 2013 sa sixième année consécutive de récession. Après une contraction du PIB de 6,4% en 2012, le gouvernement grec table sur un recul de 4,3% du PIB en 2013 alors que la reprise est prévue pour fin 2014 avec une croissance de 0,2%. Le taux de chômage a atteint 27,6% de la population active en mai, touchant en grande majorité les jeunes dont plus de trois sur cinq sont au chômage.
Angela Merkel temporise
Mardi, lors d'une réunion électorale en vue des élections législatives du 22 septembre prochain, Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand a déclaré que la Grèce avait besoin d'une nouvelle aide budgétaire. Idée à laquelle restent opposés une majorité d'Allemands. La chancelière Angela Merkel s'est empressée de nuancer ces propos en déclarant qu'aucune décision ne serait prise avant l'année prochaine.
Fin juillet, le Fonds monétaire international (FMI) avait déjà demandé à l'Union européenne de réfléchir au versement d'une nouvelle aide à la Grèce pour garantir la viabilité de la dette du pays.
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