Exposition « clou de gueule »
d'Alexis Peskine
Alexis PESKINE expose, enfin, de nouveau à Paris. Il prend, cette fois, la Bastille et s'arrête à la Galerie BE-ESPACE, 57 rue Amelot, du 21 mai au 21 juin 2013. Une grande fierté pour son directeur-fondateur,Brian Elliott ROWE, américain d'origine, qui est heureux de présenter une quinzaine d'œuvres de cet artiste poly-identitaire, mondialement connu. Peskine affirme la diversité de ses origines et la revendication de chacune d'entre elles à travers son expression artistique. Et il enfonce le clou de sa philosophie comme les clous de son acu-peinture. Chaque œuvre est un manifeste, un appel à une autre société où le noir et le blanc seraient terres de contrastes et faces d'une même humanité.
« Tellement au-dessus de la France » ? Tellement la France – la vraie - Alexis Peskine. Dans toute sa diversité, sa singularité. Père franco-russe, mère afro-brésilienne. Grand-père juif, rescapé des camps allemands. Les valises pourraient être lourdes, elles seront des ailes. Pour l'artiste comme pour l'homme. Naturellement, son œuvre exprime les traumatismes nés du regard de la société sur l'être différent. Quel qu'il soit. Et s'il choisit de faire écho aux problèmes identitaires, il ne s'arrête pas aux siens propres, il élargit le champ de l'action, des réactions aux sectarismes sexuels, ethniques, nationalistes et religieux. Il s'indigne, résiste, se rebelle, mais veut surtout river le clou à l'ignorance et aux obscurantismes de tous bords. Quant à son cosmopolitisme personnel, il s'inscrit dans le droit fil du concept de négritude d'Aimé Césaire, comme dans le poly-identitaire d'Edgar Morin. Dans sa palette chromatique, seul le noir a droit de cité pour la peau de ses personnages, car seul le noir soulage d'un asservissement aux couleurs dominantes. Et pour le mettre en exergue, des aplats vifs, le plus souvent rouges ou jaunes, tels des étendards qui claquent.
Sa technique est unique, inspirée de la sérigraphie, de l'art pop de Warhol à Chuck Close et Lichtenschtein ainsi que des sculptures Nkisi du Congo, en lien également avec le vaudou et la crucifixion. Le clou remplace le point, pour la métaphore, pour la spécificité de la matière, aussi. Brute, sèche. Dans sa galerie de portraits, Peskine ne veut pas voir qu'une tête : il joue avec neuf tailles de clous qu'il enfonce à profondeur variable. Pour créer du relief, pour passer dans la 3e dimension. À la base des images très graphiques, entre photo et photoshop, pour effets pochoir. Martelées, cloutées, montées sur bois, peintes et enfin vernies ou dorées à la feuille d'or. L'alliance du matériau simple et de la technologie, de l'ancestral et de la modernité, de l'art et de l'artisanat.
Proche du néo pop, l'artiste alimente son langage pictural des héros de l'imagerie populaire. Ici Monsieur Propre, là Banania, Astérix ou Tintin pour nourrir son propos sociétal, ses luttes antidiscriminatoires autour de personnalités familières, et forcer le trait d'une humanité en déshérence. La lucidité non sans humour, sans esthétique, comme d'ultimes élégances. L'envie de partager avec tous, de susciter l'échange, la conversation. Et au final, toucher les gens. Dans son registre propre de l'art contemporain : œuvres métissées de slogans, politiques ou publicitaires, d'idiomes visuels et de références au spectre universel.
Adepte de la forme comme du fond, Peskine mise sur la mixité : sens esthétique et sens du message. Les enfilades de petites tiges métalliques donnent un grain de peau unique, jamais tout à fait lisse. Car elles sont aussi piqûres de rappel : la douleur physique et la souffrance psychique se transcendent. Elles portent en elles leurs propres forces, de résistance, de construction, de résilience. Quel chic pour ces « Men in black » - costumes trois pièces ou sportifs victorieux - qui se demandent s'ils seront toujours condamnés à être « un pied dedans, un pied dehors » de cette société. Sous les bravos lorsqu'ils réussissent, sous les lazzis au quotidien, voire les crachats les soirs de défaite. Et Peskine de nous clouer au pilori de nos vérités pas toujours bonnes à dire.
L'artiste est aussi photographe. Même exigence dans le choix du modèle : le personnage irradie de beauté, de présence. Magnétique. Il est là pour servir le propos. La « Mariam » noire, titrée « The French Evolution » est autant son propre porte-parole que le porte-voix d'Alexis Peskine. Un véritable hymne national, en réponse au fameux débat sur l'identité. Cette photo sera reprise dans le New York Times (juillet 2007), un numéro Hors-série du Monde (janvier 2010) et, plus récemment, à la une du journal Libération (février 2012).
Alexis Peskine naît à Paris en 1979. À 15 ans, il intègre le CFA des Arts Graphiques, rue Orfila (Paris 20e). Il part vivre aux États-Unis à 17 ans pour jouer au basket-ball, poursuivre ses études et entreprendre ensuite une formation en art. En 2003, il obtient son Diplôme de Bachelor of Fine Art de l'Université d'Howard à Washington DC, puis, en 2004, un Master of Digital Art. En 2005, il intègre l'École des Beaux-Arts du Maryland, grâce à la prestigieuse Bourse Fullbright (Alexis Peskine est le premier étudiant étranger à obtenir cette bourse), et y obtient un Master of Fine Art. Étudiant, il remporte un grand nombre de prix comme le Verizon HBCU et le Henessy Next Black Master competition. Il attire l'attention de deux institutions newyorkaises : le Musée Whitney et le Nouveau Musée dArt Contemporain. Il rentre en France en 2005. Depuis, il expose régulièrement dans le monde entier : New York, Washington, Baltimore, Chicago, Paris, Luxembourg, Dakar, Johannesburg, Le Cap…. Dans ses influences, il revendique volontiers Kara Walker pour son côté punchy, Murakami pour son expressionisme enfantin, Basquiat pour son engagement politique, sans oublier Banksy et son humour cynique. En décembre 2010, son travail est particulièrement remarqué lors du 3e Festival Mondial des Arts Nègres, au Sénégal. Peskine est aujourd'hui un artiste internationalement reconnu, qui partage sa vie entre Paris, Salvador, Dakar et New York.
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Galerie BE-ESPACE
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