A l'heure où une équipe chinoise tente de modifier des embryons humains et provoque des inquiétudes partagés par beaucoup, la recherche française en biologie va vers plus de transparence et d'interactivité avec le grand public. Cette semaine, c'est ainsi la Lyonnaise Marion Creveaux qui partage ainsi son quotidien de doctorante au Centre de Recherche sur le Cancer Léon Bérard, par l'intermédiaire du projet la Bio au Labo. Elle y a par exemple raconté aujourd'hui comment elle s'y prend pour étudier le rôle d'un gène dans les tumeurs de rhabdomyosome. Elle répond qu'il s'agit effectivement d'un cancer touchant l'enfant ou le jeune adulte lorsqu'un internaute lui pose la question.

C'est tout l'intérêt d'utiliser les réseaux sociaux Facebook et Twitter. La volonté d'interagir avec le public est en effet au cœur du projet. Ainsi, Marie-Charlotte Morin, première participante de La Bio au Labo déclare "A côté de mon travail de recherche, j'aime également parler de science au grand public. Après tout, la recherche est financée [en partie, nda] par les impôts et la générosité des français. Il me paraît donc naturel et légitime de prendre le temps de leur expliquer ce qu'il se passe dans les laboratoires en France." Marion Creveaux apprécie beaucoup le fait "d'avoir des retours".

Les sujets sont variés et les anecdotes également, car c'est chaque semaine un chercheur différent qui est aux commandes. La semaine dernière, Raphaël Mercier, directeur de laboratoire à l'INRA qui travaille sur les mécanismes de l'hérédité, rappelait par exemple que ce sont des recherches sur le pois qui ont amené la découverte des grandes lois de la génétique.

Par ailleurs, le Cercle FSER, ensemble de directeurs de laboratoires sélectionnés pour leur excellence par la Fondation Schlumberger pour l'Education et la Recherche, soutient la Bio au Labo notamment parce qu'il « met en valeur l'importance de la recherche fondamentale » et le fait que « c'est en soutenant une recherche ambitieuse et de qualité, mais non en voulant la diriger, que les plus grandes découvertes sont faites ». Sa directrice rappelle ainsi au passage que « les choix budgétaire et l'orientation peu avisée de nos dirigeants s'opèrent au détriment du mérite scientifique des recherches. Pour favoriser les grandes découvertes, il faudrait rééquilibrer la balance des financements, et attribuer plus d'argent sur l'excellence intrinsèque des projets et des chercheurs, que sur le fait qu'il convienne à des orientations décidées à un instant t. »

Ces difficultés n'empêchent cependant pas les contributeurs de La Bio au Labo de jouer sur la corde humoristique… comme dans le cas de ces deux mutations introduites chez un petit ver par Marie-Charlotte Morin, qui provoquent de manière surprenante l'apparition de plusieurs organes sexuels. « La génétique nous taquine » conclut-elle. Et l'histoire a souvent montré que c'est lorsque la nature nous surprend, qu'en creusant, on en apprend énormément sur les lois qui la gouvernent… Obtenant par là même des connaissances qui s'avèrent au final payantes en termes thérapeutiques. En attendant, vous pouvez aller poser vos questions à Marion Creveaux, aux manettes de la Bio au Labo cette semaine sur Facebook et Twitter.