Des lycéens sans-papiers expulsables, nous en connaissons à Lyon. François, arrêté jeudi dernier à la gare de la Part-Dieu a passé 2 jours au CRA a été libéré dimanche matin. L'histoire de François raconte le quotidien de tous entre peur et insécurité permanente..
Lyon, le 3 novembre 2013
Voilà une histoire qui vient de se passer à Lyon …
François, lycéen sans-papiers à l'Arbresle, était enfermé au centre de rétention Saint-Exupéry depuis 2 jours et menacé d'expulsion au Congo Kinshasa!
Il a été libéré ce dimanche matin.
Jeudi 31 octobre, François était assis dans une salle d'attente de la gare de la Part-Dieu de Lyon, attendant son tour pour prendre son billet. Il devait aller rencontrer un patron pour le stage qu'il doit faire dans quelques semaines. Des policiers se sont approchés pour le contrôler.
Pourquoi lui ?
-Parce qu'il est noir et susceptible d'être sans papiers.
-Parce que les policiers appliquent les ordres des gouvernements Sarkozy ou Hollande : contrôler, interpeller, enfermer les sans-papiers pour les expulser. Cela permet ensuite à M. Valls de se faire valoir comme étant le meilleur ministre, celui qui applique le plus fermement la loi…
Suite à ce contrôle policier, les services de la Préfecture du Rhône ont fait enfermer François au CRA le soir-même, sans se soucier de sa scolarité en cours, ni de son avenir. Ils ont ainsi commencé à préparer son expulsion.
Ce dimanche matin, retournement de situation ! François est libéré. En 10 minutes, les policiers lui annoncent la bonne nouvelle et le reconduisent… vers la liberté ! On peut penser que l'intervention rapide d'élus de la Région, dont l'un est parrain républicain de François, ainsi que la lutte contre les expulsions de jeunes scolarisés comme Khatchik et Léonarda, que mènent ces dernières semaines les lycéens, leurs associations, RESF et d'autres, ont aidé le Préfet du Rhône à prendre la bonne décision.
Demain c'est la rentrée, et François sera hyper heureux de reprendre le chemin de son lycée. Mais ce qui lui est arrivé pendant ces vacances mérite d'être raconté comme une illustration de la vie de galère que mènent tous les jeunes sans-papiers.
François a l'air d'un élève comme les autres et sans doute certains de ses camarades de classe ignorent-ils encore qu'il est sans-papiers, parce que pour un jeune sans-papiers c'est souvent la honte de dire ces choses à ses copains. C'est un élève scolarisé pour la 3ème année de suite au lycée Barthélémy Thimonnier de l'Arbresle (69). Il a eu son CAP menuiserie en juin dernier et cette année il prépare son Bac Pro.
Pourtant il n'a plus aucune famille à Kinshasa où il est né. Son père, sa mère, ses 2 frères y ont été tous assassinés en 2007 dans les affrontements politiques de l'époque, alors que François avaient 13 ans et demi…
Pourtant il travaille chaque jour à surmonter de lourds traumatismes: celui de son départ du Congo, seul ou plutôt mal accompagné, après la mort de ses parents ; celui de son arrivée en France en 2010.
Quelques mois après son arrivée à Grenoble, il est contraint de subir des tests osseux pour prouver qu'il a bien 16 ans et demi et pouvoir bénéficier comme mineur isolé de l'aide du Conseil Général. Tout le monde sait que ces tests ne sont pas fiables. Le Conseil National d' Ethique critique durement leur utilisation à des fins non médicales. Ce n'est pas ce qui empêche des policiers de la PAF de venir à l'époque sortir François du foyer où il est hébergé à Lyon après avoir été un premier temps pris en charge par l'ASE. Sans que les résultats des tests lui soient jamais communiqués, la PAF se permet en plus de garder tous les papiers d'identité que possédait François.
A cause de cet épisode, parce qu'il lui manque depuis son acte de naissance, François met beaucoup de temps à constituer la demande de papiers qu'il était sur le point de déposer à la Préfecture au moment de son interpellation. Ce n'était plus qu'une question de jours et il aurait été couvert par une attestation de dépôt. Mais la Préfecture et la PAF l'ont rattrapé, l'informant à l'occasion de son arrestation qu'une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Francais) a été prise à son encontre suite à un refus d'asile, OQTF qu'il n'a là encore jamais reçue !
Heureusement, François n'est pas longtemps resté seul dans ses problèmes. A partir de son exclusion brutale du dispositif ASE, tout un réseau de soutien et de lutte s'est mis en place autour de lui : travailleurs sociaux, famille d'accueil, parrain républicain, diverses associations dont RESF et son collectif Jeunes Majeurs.
La galère de François, c'est celle de milliers de jeunes sans-papiers en France aujourd'hui, et notamment celle de ceux qui arrivent mineurs et isolés ! Dans le Rhône, RESF reçoit régulièrement des mineurs isolés remis à la rue sans un sous à cause des tests osseux, de la suspicion généralisée sur leurs actes de naissance, avec souvent des jugements du tribunal correctionnel à la clé. Ils n'ont pas toujours été scolarisés.
Des milliers de jeunes, RESF et de nombreuses associations, ont manifesté ces dernières semaines et restent mobilisés pour le retour de Khatchik et de Léonarda, contre toutes les expulsions de jeunes scolarisés sans-papiers. Ce combat est notre combat à toutes et tous. Tous pour un et un pour tous !
Ensemble, réclamons le retour de Khatchik, de Leonarda et de sa famille,
la régularisation de François et de tous les jeunes sans papiers et leurs famille,
une autre politique de l'immigration, une politique d'ouverture et d'accueil !
Il y va de l'avenir de la société dans laquelle nous voulons vivre et faire vivre nos enfants.
Jeunes ou moins jeunes , on doit tous pouvoir vivre librement dans le pays de son choix !
RESF Rhône/ Collectif Jeunes Majeurs
Contact presse :
Michèle François
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