Le SJBM s'oppose à l'industrialisation et à la financiarisation du système de Santé des Français!
Les jeunes biologistes médicaux, dernier rempart contre la financiarisation de la santé.
8 diagnostics médicaux sur 10. 2% des dépenses de santé. L'une, sinon la plus efficiente du monde, servie par des professionnels indépendants, fers de lance des avancées médicales. Nous avons tous poussé un jour la porte d'un petit laboratoire d'analyses médicales, dans nos bourgs, dans nos campagnes, dans nos villes, pour une prise de sang. Voici la biologie médicale d'aujourd'hui. Humaine, où l'on connaît son médecin et son médecin nous connaît, éthique, performante. Voici ce qu'elle ne sera plus jamais.
Car la biologie médicale est l'objet de la voracité des appétits financiers, qui tentent de faire main basse sur les 4000 laboratoires que compte encore la France. Et le silence assourdissant de l'Etat résonne pour eux comme un blanc sein. A l'heure où l'appauvrissement de la démographie médicale orchestré par les cols gris de l'Etat devient l'affaire de tous —pénurie d'ophtalmologistes, pénuries de chirurgiens, pénurie de généralistes…—, la pression financière qui suffoque les laboratoires de proximité —pression des grandes chaines de biologie industrielle qui se développent en jouant sur les lois, pression des baisses successives de la valeur des actes imposée de façon insensée par la caisse nationale d'assurance maladie, pression de la lourdeur de la mise en place de l'accréditation devenue obligatoire— concourt à détruire inexorablement le tissu jusqu'aujourd'hui exemplaire des laboratoires de biologie médicale. Femmes enceintes, patient âgés, femmes et hommes actifs et pressés, mères et pères de famille, au nom de la rentabilité imposée, de moins en moins de laboratoires vous accueilleront, et toujours plus éloignés de chez vous. 200, 300, 400, peut-être, comme dans d'autres pays ou la privatisation de la santé est déjà plus qu'entamée.
Et quelle motivation trouveront à l'Avenir les jeunes biologistes médicaux, médecins et pharmaciens qui se rendront chaque jour à reculons dans ces laboratoires usines, avec le sentiment terrible de trahir leur vocation,
leur éthique ? Celle de servir leurs patients, et non l'intérêt des actionnaires. 10 ans d'études pénibles, 10 ans de sacrifices, pour devenir à leur coeur défendant les bras armés de financiers avides, exécutant les basses oeuvres marketing de ce nouveau secteur monopolistique..
Dans un silence soigneusement entretenu, après quatre ans de concertation, une réforme séquestrée par la voie d'une ordonnance, la folle dynamique autoentretenue de l'ultralibre échange risque de bientôt confisquer
toute alternative au peuple français. À moins que les élus du peuple, députés et sénateurs qui viennent de se saisir de ce scandale par le biais de la proposition de loi Fourcade modifiant la loi HPST n'y mettent bon ordre. Car depuis 6 ans, profitant d'un vide juridique, des empires de laboratoires se constituent, détournant
le financement de l'assurance solidaire au profit de fonds de pension étrangers ou d'entrepreneurs du nouvel eldorado que constitue la Santé. Les regroupements massifs constitués par rachats mirobolants représentant cette nouvelle biologie industrielle se trouvent en concurrence directe avec les petits laboratoires éthiques de proximité. Nul besoin d'être devin pour savoir qui va gagner, sous la pression du marché. Et pour finir de fausser la concurrence, les jeunes biologistes médicaux ne peuvent même plus créer leur laboratoire avec les nouvelles règles du jeu promulguées par la réforme. Ils sont condamnés à errer dans ce purgatoire ultralibéral, ou changer de métier. Et ce, de plus en plus souvent pris au piège d'un statut d'associé ultraminoritaire, qui conjugue les dangers de l'absence de protection par le droit du travail, et l'absence de rémunération issue du capital. Pendant ce temps, les financiers profitent des avantages fiscaux de ce statut inique qu'ils imposent à nos professionnels de santé. Et l'on sent bien, avec son coeur autant qu'avec sa raison, que soumettre sa santé à la loi du marché est la pire des choses à faire.
Sans pouvoir décisionnel, sans possibilité de faire prévaloir la santé de leurs patients sur l'intérêt des actionnaires, démotivés par leurs conditions de travail révoltantes, quelle sorte de prise en charge nos médecins
et pharmaciens des laboratoires d'analyses médicales auront-ils désormais à nous offrir?
Et quel sera le coût des analyses à l'avenir, quand les monopoles seront constitués en lieu et place des multiples
petits laboratoires de proximité?
Et quelle créativité, quelle innovation ? Quand on veut un bien hors du commun on le confie à un artisan, on le trouve rarement dans un supermarché. Notre santé était aux mains des artisans, elle avait un coût, mais nous avions tous droit aux chefs-d'oeuvre, que nous soyons riches ou pauvres. Mais demain…
Pour parachever le tout, profitant du trouble dans lequel est plongé la profession, les doyens des facultés souhaitent asseoir encore leur pouvoir anachronique de despotes et faire légitimer a posteriori la possibilité de nommer sur les postes hospitaliers de biologistes médicaux de CHU des personnes non qualifiées dans cette spécialité médicale, dans le seul but de satisfaire de mesquins jeux politiques. Oui, vous avez bien lu. Dans les CHU, lieux d'excellence, on pourrait indifféremment être pris en charge par un biologiste médical compétent ayant complété, année après année, son cursus, ou une personne nommée par arbitraire à cette fonction, sans être en mesure de prouver de ses compétences autrement que par sa nomination. Du jamais vu dans un pays se voulant le fer de lance de la prise en charge médicale !
En l'état actuel des choses, l'évolution de la biologie médicale sous la pression de la finance qui l'infiltre insidieusement représente une terrible menace, non seulement pour les jeunes professionnels de santé, mais bien plus pour le peuple français et sa santé dans son ensemble. Comme dans un cauchemar, Français et professionnels se débattent pour sauver la Santé. Et quand le bastion de la biologie médicale sera tombé, l'ensemble des professions médicales et paramédicales tomberont à leur tooeur: radiologues, anatomo-pathologistes,
chirurgiens, généralistes, sages-femmes, infirmières…
Frappés par la crise, malmenés par la mondialisation, les stabilisateurs de société que représentent les services publics et les corps sociaux protègent néanmoins les français de la froide dureté du monde ultra-libéral. Une relation de confiance s'est bâtie au travers des siècles entre les professionnels de santé et leurs malades. Cette relation de confiance sera définitivement rompue si l'Etat ne prend pas ses responsabilités. Des solutions simples existent (parution immédiate des décrets prévus à l'article 5-1 de la loi de 90 sur les SEL, parution des décrets sur les SPFPL, amendement Boyer assouplissant la mise en place de la qualité, obligation de conserver la réalisation des analyses urgentes sur tous les sites, interdiction de la publicité, amendement du Député Vigier mettant fin au scandale de l'ultraminoritariat…) que la jeune génération de biologistes médicaux porte avec courage et détermination à la connaissance des pouvoirs publics, dans le cadre de la révision de la loi HPST par le parlement.
Souhaitons que les élus du peuple légitiment au travers de leur vote à venir la raison du plus grand nombre devant les appétits insatiables des puissances financières. Pour que la Santé, notre santé, ne devienne jamais un business comme un autre.
Contact presse :
Docteur Thomas Nenninger, Président du SJBM, 06 03 08 64 47