Pour cette 4ème rencontre sur la question des migrations, l'Union Européenne a associé pour la 1ère fois les pays « de départ » pour trouver des solutions concrètes.
Le but affiché du sommet de La Valette qui vient de se terminer a été de 2 ordres : aider les pays pour limiter les flux migratoires et leur demander de faciliter les réadmissions des ressortissants de leur pays.
L'Union a ainsi annoncé la constitution d'un Fonds d'urgence pour l'Afrique dont le montant s'élève à 1,8 milliard d'euros. Ce fonds doit permettre de limiter un afflux migratoire incontrôlé, en donnant aux Africains les moyens d'éviter de quitter leur pays et d'entreprendre un périlleux voyage vers les pays européens. Suffira-t-il ?
Le plan adopté doit aussi assurer une réelle effectivité des décisions de rejet de titres de séjours prises souverainement par les juridictions nationales compétentes en augmentant le taux de retour des immigrants dès lors en situation illégale.
Ce sont des idées que je porte de longue date au Sénat et que j'ai défendu lors de l'examen des projets de loi relatif au droit d'asile et au droit des étrangers.
Pourtant, malgré l'envergure du plan d'action, je regrette la latence de l'action communautaire, qui n'intervient qu'après qu'une situation intenable pour les pays d'accueil se soit installée : plus de 800 000 migrants sont déjà entrés en Europe depuis janvier 2015.
Je reste également circonspect sur les modalités de mise en œuvre de ces mesures. Les Etats africains semblent en effet bien moins enthousiastes dès lors que l'Union impose comme condition sine qua none de son aide leur coopération à la réadmission des ressortissants expulsés de l'Union. Dans ces conditions, l'action européenne sera-t-elle efficace et surtout pérenne ?
Enfin, je m'interroge sur la position de la France. Quelle place occupe-t-elle dans ces négociations ? Comment se concilieront la politique communautaire et la politique nationale ? N'est-ce pas son rôle de s'imposer dans ce débat qui l'affecte tout particulièrement ?
Quoiqu'il en soit, il est urgent d'agir et de trouver des solutions pérennes au moment même où les tensions se cristallisent, comme on a pu le voir à Calais ces derniers jours.
François-Noël BUFFET
Sénateur du Rhône