Jusqu'à présent, quand un patient était dans l'impossibilité de s'exprimer ou lors de l'anesthésie, on se fiait à l'œil nu pour administrer le dosage de produits anti-douleur en observant les gestes, la pression artérielle ou cardiaque. Avec le risque de manque de précision inhérent : trop peu ou trop de produit anesthésiant, et les complications liées au dosage approximatif...
Dorénavant après études et recherche, on sait que l'œil " parle " et que la taille de la pupille indique directement si la personne est en souffrance...
La Fondation Apicil contre la douleur a apporté son soutien financier au service d'anesthésie-réanimation de l'Hôpital de la Croix-Rousse dirigé par le Professeur Frédéric Aubrun, pour l'acquisition d'un « pupillomètre nouvelle génération » destiné à évaluer le degré d'analgésie au bloc opératoire et en réanimation par la pupillométrie.
Par un procédé unique, l'ALgiScan d'IDMed quantifie en quelques secondes le réflexe de dilatation pupillaire grâce à son stimulateur nociceptif intégré.
Pour Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation Apicil contre la douleur « A ce jour, ces nouveaux appareils sont produits en France, et des programmes de recherche sont en cours de développement. On peut enfin limiter les douleurs et les effets indésirables des morphiniques administrés en trop grande quantité comme la sédation, la dépression respiratoire, ou les nausées et vomissements ».
Le Docteur Christian Bauer, praticien hospitalier au service Anesthésie-Réanimation de l'Hôpital de la Croix-Rousse explique : « La première publication concernant l'utilisation de la pupillométrie en anesthésie comme moniteur de la douleur ressentie date de 1993 (Larson et coll. Univ. Calif.. San Francisco).
Mais ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard, avec le progrès des appareils en termes d'encombrement, de sécurité et de fiabilité et la baisse de leur coût que cette technique est sortie des laboratoires de recherche.
Le diamètre pupillaire est le reflet de la balance entre le système nerveux parasympathique et le système nerveux sympathique.
Ce dernier est mis en jeu lors des situations de stress, d'émotion, de douleur. Les variations du diamètre pupillaire sont mises en jeu dans 2 réflexes, le réflexe photomoteur (RPM) de contraction pupillaire en réponse à un stimulus lumineux qui, fait intervenir le système parasympathique et le réflexe de dilatation pupillaire (RDP) en réponse à un stimulus douloureux qui est sous la dépendance du sympathique.
Le RDP est connu depuis les années 1970 pour être lié à la douleur ressentie même chez le patient anesthésié.
Grâce au pupillomètre, le RDP peut maintenant être quantifié et mis en relation avec une analgésie suffisante, ou non, chez le patient sous anesthésie générale ou non communiquant (petit enfant, sujet très âgé ou cérébrolésé).
Classiquement, les paramètres qui guident l'administration des antalgiques et anesthésiques chez le sujet sous anesthésie générale sont les variations de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle.
Les modifications du RDP sont plus précoces et permettent ainsi d'adapter au mieux les injections d'antalgiques/anesthésiques en évitant aussi bien les surdosages, ce qui peut se voir chez les sujets âgés, que les sous-dosages qui peuvent être responsables de douleurs postopératoires quelquefois intenses.
Après le monitoring de la profondeur du sommeil, nous disposons maintenant d'un outil fiable et simple d'utilisation pour monitorer la douleur en anesthésie-réanimation ».
Reconnue d'utilité publique, la Fondation Apicil contre la douleur a pour but la lutte contre la douleur physique et psychique. Présidée par Michel Bodoy, elle agit dans toute la France pour aider à démarrer et à encourager des initiatives qui font reculer la douleur en complément des traitements médicamenteux.
Elle permet notamment l'acquisition de matériel innovant, la formation des équipes de chercheurs, d'infirmiers, de médecins ou d'associations.
La Fondation APICIL contre la douleur consacre près de 50 % de son budget à la Recherche. Elle a financé 150 projets de Recherche à ce jour.
Elle a aussi permis la formation de plus de 700 personnes hospitalières à l'hypno-analgésie (notamment à l'Hôp. Robert Debré / Paris 75, à l'Hôp. de Villefranche / 69, à l' Hôpital d'Aix en Provence / 13…).
Dans le service anesthésie-réanimation de l'Hôpital de la Croix-Rousse du Groupement Hospitalier Nord des Hospices Civils de Lyon (69), la Fondation Apicil contre la douleur a permis l'acquisition de ce nouveau matériel par une aide financière de 7 500 euros.
Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation a également soutenu l'acquisition de pupillomètres et des études pour valider l'utilisation de ces appareils au Pôle Anesthésie–Réanimation du CHU de Grenoble, avec le Professeur Jean-François Payen (38); dans le Département d'Anesthésie-Réanimation de l'Hôpital Bichat à Paris, avec le Docteur Jean Guglielminotti (75).
Depuis 2004, elle a participé en France au financement de plus de 300 programmes pour lutter contre la douleur par une aide de 5 millions d'euros.
www.fondation-apicil.org
www.chu-lyon.fr