L'abolition de l'esclavage dans l'ensemble des colonies françaises fut votée à Paris le 3 février 1794, à l'unanimité et sans discussion. En 1802, on retira aux hommes de couleur leur citoyenneté française et il fallut attendre jusqu'en 1848 pour que la France ose proclamer une seconde fois l'abolition complète de l'esclavage. Pourquoi ? Que s'était-il passé entretemps ?
J'ai écrit un livre qui s'intitule Haïti : le paradis perdu ou Le général Leclerc face à Toussaint Louverture, publié il y a quelques jours par EDILIVRE et disponible sur son site sous forme numérique ou papier. Mon but était de retracer la vie du général Leclerc, beau-frère du premier consul Bonaparte, envoyé bien malgré lui à Saint-Domingue pour obliger Toussaint Louverture à se soumettre au gouvernement français. En examinant les circonstances de sa mort là-bas, neuf mois après son débarquement, je me suis naturellement intéressé aux raisons pour lesquelles ce qui était la plus libre, la plus riche et la plus convoitée des colonies du monde est tombée dans l'extrême misère que l'on connaît aujourd'hui. L'esclavage y existe encore et ce sont plus de cent mille enfants qui en sont victimes. Ce ne sont pas des esclaves, mais des citoyens français dotés de tous leurs droits civiques et comblés d'honneurs par la patrie des droits de l'homme qui ont provoqué sa chute il y a plus de deux cents ans. A l'instar de Toussaint Louverture ou du Lucifer du poète anglais Milton qui estimait qu'il valait mieux régner en enfer que servir au paradis, ils ont ordonné le massacre de leurs rivaux : ceux qui avaient la peau plus claire qu'eux. Ce faisant, ils ont tué la poule aux œufs d'or… et considérablement retardé l'abolition définitive de l'esclavage dans tous les pays où il était pratiqué, notamment au Venezuela (en 1854) et aux Etats-Unis (en 1865).
Mon livre s'achève pas ces mots : « S'il me fallait écrire de nouvelles Vies parallèles, à la manière de Plutarque, c'est à l'un des plus grands criminels de l'histoire, comme l'empereur romain Néron qui fit brûler Rome afin de se débarrasser des chrétiens, que je comparerais Toussaint, et à Mandela, apôtre du pardon des offenses et de la réconciliation nationale, que je comparerais Victor Emmanuel Leclerc. »
Guy Schoonheere
Le 4 juillet 2014
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