Jean-Pierre Salomone, professeur de français au collège Pierre Brossolette d’Oullins, anime depuis de nombreuses années un atelier théâtre dans le cadre duquel il offre aux élèves une initiation à l'expression théâtrale, enrichie de la découverte du spectacle vivant.
Par le biais d’une pratique volontaire, cet atelier donne à des jeunes en pleine mutation, parfois confrontés à des difficultés de communication, la possibilité de se découvrir, de se révéler, d’apprendre à s'exprimer par le verbe et par le corps, à maîtriser l'oralité et la gestuelle.
Les abonnements systématiquement souscrits par les élèves (et les parents aussi) dans le cadre du club leur donnent une occasion unique de découvrir le spectacle vivant : au fil des représentations, confrontés à la multiplicité des formes d'expression et de pratique théâtrales, ils apprennent à devenir spectateurs avertis, développant leur écoute, affinant leur regard et leur sens critique.
Cet atelier risque de disparaître à la rentrée car l’amènagement d’horaire dont bénéficiait Jean-Pierre Salomone depuis 1983 vient de lui être refusé.
Les élèves sont en colère ; les parents, consternés, ont demandé audience à la principale et essuyé une fin de non-recevoir ; la balle est maintenant dans le camp du recteur à qui ils se sont adressés pour demander que soit pérennisée cette action culturelle qui contribue à l'éveil des collégiens, à l'émergence de talents et à la bonne image de l'établissement.
Les responsables des grands lieux culturels de l’agglomération qui connaissent, apprécient et soutiennent cette expérience originale ont adressé au recteur le courrier ci-dessous :
"Nous, directeurs et responsables de théâtres et de centres culturels de l’agglomération lyonnaise et d’ailleurs, désirons attirer votre attention sur une expérience en cours dans un collège d’Oullins qui mérite à notre avis d’être soutenue et peut-être même étendue à d’autres établissements.
L’initiative de Jean-Pierre Salomone, professeur de français au collège Brossolette d’Oullins et fondateur animateur de l’atelier théâtre du collège, de créer un abonnement de sensibilisation au théâtre pour les élèves et leurs parents est remarquable. Que l’école s’élève au rôle de médiateur culturel est une nouveauté, en tout cas à ce niveau de l’enseignement, qu’il est important de souligner. Aujourd’hui de nombreux parents s’ouvrent plus facilement à des formes de culture, qu’ils dédaignent habituellement, lorsqu’ils sont persuadés que cela entre dans le cadre de la formation de leurs enfants. Amener les parents au théâtre par leurs enfants, et du même coup renforcer par ce biais le désir des enfants pour le théâtre est une action salutaire. Jean-Pierre Salomone propose ainsi aux enfants une pratique du théâtre et en plus les entraîne à aller voir ce qui se fait dans les salles de la région. Les parents suivent, ce qui rend par ailleurs plus commode les déplacements. Peut-être l’école a-t-elle trouvé un rôle supplémentaire, celui de guide culturel. Pourquoi pas après tout ? La formation des enfants doit bien s’appliquer dans le vivant et quelle meilleure façon que de le faire à travers les spectacles vivants ?
La nécessité de la relation du monde scolaire avec le monde du spectacle n’est plus à prouver. Le théâtre, les arts du spectacle en général sont entrés dans les programmes de l’enseignement secondaire et supérieur. Mais ils s’adressent habituellement à un petit nombre d’élèves intéressés. Par contre l’action de Monsieur Salomone concerne l’ensemble des élèves d’un collège. Elle vise à réconcilier des élèves, et au-delà leurs parents, avec la production théâtrale et chorégraphique telle qu’elle existe dans les théâtres de l’agglomération. Elle nous apparaît comme une œuvre de combat culturel pour la qualité, la différence et la variété des créations contemporaines. L’école peut bien participer à cet effort de revalorisation des valeurs de l’art et de la création, surtout quand il s’agit de rivaliser avec la tentation télévisuelle de la facilité.
Monsieur Salomone nous a informés de sa volonté de continuer sur cette voie et éventuellement de montrer l’exemple. Il semble que tous les moyens ne lui soient pas donnés pour y parvenir.
Notre lettre a pour but, Monsieur le Recteur, de soutenir une initiative importante et méritoire. Plus de mille personnes, collégiens et parents, ont pu assister grâce à cette action à des spectacles pendant l’année scolaire en cours et à l’issue de la représentation avoir une rencontre avec le metteur en scène et des comédiens.
En tant qu’acteurs de la culture, nous considérons de notre devoir de nous adresser aux enfants et à la jeunesse. C’est un des points essentiels de notre action. Nous avons également besoin qu’existent dans les établissements scolaires des médiateurs susceptibles de faciliter les rencontres. Nous aimerions que l’exemple de Monsieur Salomone puisse se renouveler et même s’étendre.
Nous espérons que vous entendrez notre propos et que vous tenterez de soutenir ce qui s’est déjà réalisé.
Philippe Faure, directeur Théâtre de la Croix-Rousse
Christian Schiaretti, directeur, Daniel Besnehard, secrétaire général et Muriel Poulard, attachée des relations avec le public Théâtre National Populaire
Marie-Françoise Palluy, responsable des relations avec l’enseignement Théâtre des Célestins
Lionel Arnaud, administrateur Théâtre de la Platte
Georges Chich, directeur Maison du Peuple de Pierre-Bénite
Elizabeth Macocco, directrice Théâtre de Privas"
Contact presse :
Suzy Sauvajon
77 rue du grand revoyet
69600 Oullins
04 78 51 18 48