Déjà
six mois d'isolement pour l'équipage de la NASA,
la
mission HI-SEAS IV entre en phase critique
Mars
est au centre de toutes les attentions, avec notamment le décollage de la
mission ExoMars, lundi 14 mars 2016 depuis le Cosmodrome de Baïkonour au
Kazakhstan. Mars qui est l'objet de la mission HI-SEAS IV d'un an financée par
la NASA où six scientifiques et ingénieurs testent les conditions de vie. Isolés depuis le 28
août 2015 les équipiers, dont l'astrobiologiste Cyprien Verseux (diplômé de Sup'Biotech promo 2013), vivent dans un dôme sur
un volcan hawaiien. Six mois qu'ils n'ont pas été exposés à l'air libre, qu'ils
se nourrissent d'aliments déshydratés et qu'ils n'ont vu ou parlé à personne
en-dehors de leurs équipiers. Cyprien Verseux, l'unique Français, livre un
témoignage sans tabou sur son ressenti et l'aspect humain d'une telle mission.
Témoignage exclusif de Cyprien Verseux
La période la plus critique de la mission commence : dans les bases confinées et isolées, la santé mentale, les relations et les performances ont tendance à se dégrader brutalement juste après le milieu de la mission. Les symptômes possibles de ce phénomène, appelé « syndrome du troisième quart », incluent l'instabilité et l'hypersensibilité émotionnelles, l'irritabilité, la perte de motivation, la dépression et l'apathie. Les cas les plus extrêmes ont été rapportés par des explorateurs polaires pour qui les habitudes de leurs équipiers, de leur façon de parler à leur façon de mastiquer, sont soudainement devenues insupportables.
Les tensions entre les membres de
l'équipe sont devenues plus fréquentes et plus intenses mais nous restons une
équipe soudée. Cela dit, il est jusque-là difficile de juger des difficultés
psychologiques des autres parce que mes coéquipiers ne sont pas du genre à se
plaindre ou à se laisser abattre. S'ils souffrent, ils le cachent. Je suis
cependant sûr que l'équipage parviendra à surmonter cette période sans dégâts
majeurs, grâce aux traits de personnalité pour lesquels nous avons été
sélectionnés et à notre objectif commun : mettre Mars à la portée de l'Homme.
Pour décompresser, nous avons différentes techniques ; pour moi, c'est le sport (tapis de
course, vélo stationnaire, musculation) et la musique. J'apprends l'ukulélé et
l'une de mes coéquipières l'harmonica, des instruments dont la petite taille
est idéale pour une mission spatiale.
Au-delà de ces
tensions, la plupart des participants créent des liens
extrêmement forts : lorsque vous vivez en permanence avec vos équipiers et
que vous ne voyez personne d'autre, il y a de grandes chances pour que vous
deveniez très proche.
On nous demande souvent ce
qui nous manque le plus dans le dôme. Pour la plupart d'entre nous, ce sont nos
proches avant tout : depuis six mois, nous ne leur parlons qu'à travers des
emails retardés de 20 minutes dans les deux sens. D'ailleurs, la simple perspective
d'entendre la voix de quelqu'un en-dehors du dôme, en temps réel, devient
excitante. Ensuite, c'est l'air libre : on rêve tous de
sentir le vent, le soleil ou les odeurs de la nature. Nous avons accès à des
technologies de réalité virtuelle qui nous font voyager dans des décors
naturels, mais dès qu'on enlève le casque la réalité nous rattrape : on se souvient que
nous ne sommes pas dans la forêt mais dans une pièce de 4 mètres carrés,
que la
chaleur ne provient pas du soleil mais d'une lampe et que la brise sort d'un
ventilateur.
Les questions pour
lesquelles la mission a été mise au point devraient bientôt trouver des
réponses :
est-ce que des équipiers peuvent rester compétents et sains d'esprit dans des
conditions d'isolement et de confinement telles que celles d'une future mission
sur Mars, même dans la période la plus difficile ?
Cyprien Verseux et
ses coéquipiers termineront leur mission le 28 août 2016 et s'accorderont un
moment de détente avec leurs proches avant de repartir pour de nouvelles aventures
scientifiques et humaines.
Pour suivre Cyprien Verseux, rendez-vous sur son blog Walking on Red Dust.
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Pour réaliser une interview de Cyrpien
Verseux, vous pouvez me contacter par e-mail ou par téléphone, geraldine.seuleusian@ionis-group.com, 01 44 55 33 14.
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