Le président de la République déclare au congrès de la Mutualité : « Le temps est venu de porter un coup d'arrêt
à la dérive du marché libre de la santé ! »… mais ne faudrait-il pas ajouter : « et du secteur funéraire » ?
Au moment où un débat souligne la recherche des meilleures solutions pour assurer des fins de vie les plus humaines possibles, il serait en effet dommageable et illogique de ne pas inclure le moment de l'organisation des
obsèques dans le cadre de la fin de vie. Pourquoi ? Dans les conditions actuelles d'aggravation des inégalités
sociales, les familles supportent financièrement de plus en plus lourdement les funérailles de leurs proches.
Le fameux « marché libre » des funérailles, qui a vu le nombre d'entreprises privées, petites et grandes, se
multiplier n'a fait qu'augmenter les prix d'accès aux obsèques. Même les contrats « obsèques », qui vont de
2 000 à 10 000 € -voire, pour certaines assurances, jusqu'à 50 000 €- illustrent le poids des inégalités d'accès
aux obsèques pour les familles. Par contre, le chiffre d'affaires global du privé n'a cessé d'augmenter. Or, les
collectivités locales, qui supportent la gestion des cimetières, bénéficient-elles en retour d'un prélèvement fiscal
sur les bénéfices du secteur privé qui, bien entendu, se fait des « choux gras » ?
Le fait que se crée une implantation récente de « Low Cost » -à service moindre, concurrençant à bas prix les
autres entreprises- illustre la réalité du poids des inégalités financières pour les familles qui n'auraient droit
bientôt qu'aux cercueils plastiques plutôt qu'au bois des Îles…
Avec l'existence, notamment à Lyon, de l'initiative humaniste des « Sans toits », les vertus morales ne peuvent
être du côté du privé, dont le profit est la préoccupation principale sur le « marché de la mort » ! Même le libre
choix de la crémation, qui se développe, reflète en partie la recherche d'une forme moins chère que
« l'enterrement » classique mais encore faut-il tenir compte que la crémation dépend du nombre de structures
utilisables et des rythmes d'utilisation à la charge des collectivités locales, comme pour les lieux spécifiques de
recueillement. De même, dans les conditions d'aujourd'hui de prise en compte de la diversité des religions et
donc, éventuellement, des traditions funéraires, dans le cadre de la loi laïque républicaine, cela devrait permettre
de nouvelles réflexions législatives.
De toute façon, il s'agit d'aller dans le sens d'un coup d'arrêt à l'envahissement privé pour des règlements de
service public applicables par tous, qui peuvent seuls assurer le respect de la personne humaine, quel que soit le
degré d'enrichissement personnel.
N'y-a-t-il pas possibilité d'amélioration législative, en tenant compte également
du rôle des mutuelles avec le « capital-décès » ? Mais, peut-être mieux encore, dans le cadre de la sécurité
sociale, pourquoi pas un volet « prévisions décès » assumé par le budget public ?
Une telle avancée sociale pourrait être très positive contre les inégalités sociales, plus morale que d'aller vers la
gestion des obsèques par des banquiers.
À Lyon, dans la recherche de solutions contre l'accentuation du
déséquilibre des charges des collectivités locales défavorisées par rapport aux bénéfices du secteur privé, une
étude avait été engagée pour la création d'une société mixte dans le secteur funéraire qui permettait d'envisager
une participation privée dans la gestion funéraire publique, mais cela n'a pu être réalisé.
Cependant, a été créée
une entreprise « intercommunale » gérée par les élus, en contrepoids au monopole des entreprises privées. Cela
ne va pas sans difficultés, le caractère public de l'association n'ayant pas possibilité, d'après la loi, d'accéder en
priorité directement au secteur public de la santé concernant la connaissance et la gestion des décès,
notamment, hospitaliers. La concurrence ouverte avec le secteur privé favorisant celui-ci alors qu'au secteur
public de santé devrait correspondre un secteur public du funéraire. Une législation serait donc nécessaire pour
assurer un service public global, qui a plus besoin de coopération que de concurrence dans le domaine des
obsèques.
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