Choisir la transparence de l’acrylique, l’onctuosité de l’huile, la poudre sèche et rugueuse du pastel ou de la sanguine, la toile de lin brute ou enduite, relève d’une affinité avec le ressenti d’un moment parfois très fugitif. Au-delà de leur utilité concrète, les objets sont révélateurs d’une dimension intérieure.
Peindre, c’est pour moi d’abord la possibilité de laisser apparaître un univers dominé par une détermination souterraine, une énergie qui a besoin de la forme ou de la matière pour se manifester. Fond et figure ne sont plus exclusifs. La forme donne une apparence sensible, des traits qui rendent l’identification possible. Le fond se ressent comme élément véritable et essentiel, le moins exposé au regard, profondeur, limite sans-fond. Parfois le fond devient forme.
Ce qui compte, c’est la façon dont ces deux aspects se répercutent d’une toile à l’autre ou font alliance. Ce qui viendra au bout des doigts sans que je l’aie voulu et qui contredit parfois ce que j’ai prévu de faire.
Ma peinture exprime, la vie, ses contrastes, sa faim qui s’aiguise à mesure qu’elle est assouvie. J’explore ses confins, la trace essentielle qu’ont laissée des pans d’expérience d’ordre perceptif ou intuitif. Couleur et espace, forme et informe, me mènent sur un chemin dont je ne distingue le profil qu’après l’avoir parcouru, vers des extrêmes qui élargissent l’horizon dans un même regard.
La couleur, les formes ont toujours fait partie de ma vie, bien avant de savoir écrire m’a-t-on dit. Une trame, une façon de dire la passion d’exister, de recréer des liens devenus trop ténus, la capacité à être ailleurs tout en étant ici. Autodidacte, j’ai pourtant cherché un regard extérieur. La fréquentation de l’Atelier Tardieu en Savoie, complétée par les cours de modèle vivant à l’Ecole des Beaux Arts de Grenoble, m’a permis de développer ma personnalité et mon sens de la composition.
L’étude de la philosophie, des langues étrangères, la graphologie, des séjours prolongés à l’étranger m’ont sensibilisée à d’autres cultures et contextes humains qui ont nourri mon approche de l’art. Je perçois la peinture comme un sanctuaire où, avec de la chance, on rencontre cette part de soi qu’un artiste a portée à la lumière.
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Pascale Gindre-Raillard