Il existe à première vue de nombreuses différences entre Beethoven, humaniste animé de nobles idéaux artistiques qui ouvre la voie du romantisme, et l’austère Cherubini, souvent considéré comme gardien du style classique. Ce concert est l’occasion de démonter un peu ces idées reçues…
Cantate pour les funérailles de Joseph II de Beethoven:
Présentée en première partie de ces soirées, cette cantate de jeunesse de Beethoven constitue sa première œuvre monumentale pour voix solistes, chœur et orchestre. Cet hommage au prince éclairé que fut Joseph II est une commande, ce qui n’empêche pas au texte comme à la musique de traduire les convictions profondes du compositeur. Beethoven, très marqué par l’esprit des Lumières, était intimement persuadé qu’il fallait lutter contre le fanatisme et s’ouvrir à un esprit de tolérance.
Commençant et s’achevant sur deux grands chœurs sombres traduisant la douleur causée par la disparition de l’empereur, cette cantate s’articule autour d’un chœur conduit par la soprano soliste faisant l’apologie de la Lumière que fit régner Joseph II. Il est précédé par un récitatif et un air de basse décrivant le monstre du fanatisme et de l’ignorance. Le chœur central est ensuite suivi par un air de soprano, lamentation devant la mort, puis admiration pour la personnalité bienfaisante du défunt. Cette cantate porte en germe les chefs-d’œuvre de maturité de Beethoven tels Fidelio.
Premier Requiem de Cherubini
Il est étonnant de constater que ce Requiem était admiré par Beethoven, Brahms et Berlioz, et que tandis que les œuvres sacrées de ces compositeurs sont devenues des standards du répertoire, Cherubini est quasiment tombé dans l’oubli. En outre, alors que Cherubini est considéré comme un compositeur classique, ce Requiem possède toutes les caractéristiques qui permettent de le considérer comme le premier Requiem romantique !
Cette pièce est d’une remarquable intensité. Cherubini a veillé à mettre en musique aussi bien la signification profonde que l’esprit du Requiem, messe pour les morts. Ainsi pour éviter toute association avec l’opéra, il a fait le choix de se passer de solistes. De même, il a évité les effusions dramatiques et passionnées que l’on peut trouver chez Donizetti ou Verdi. Cette œuvre n’en reste pas moins captivante, pour preuves le dialogue entre sopranos et basses dans le Dies Irae, le sombre et intense Kyrie, le simple et émouvant Pie Jesu et le crescendo de l’Agnus Dei, qui « surpasse tout ce qui a été écrit en la matière » d’après Berlioz…
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Beethoven aurait dit que s’il écrivait un Requiem il aurait pour modèle celui de Cherubini. S’il ne l’a finalement jamais fait, il nous laisse cette cantate de jeunesse qu’il devient naturel de présenter avec le Requiem tant admiré…
« Il repose, celui qui toute sa vie chercha le bonheur de l’humanité… »
Solistes: Sylvia Vadimova (mezzo soprano) et Marcin Habela (baryton)
Tarifs: de 12 à 34€
Réservation: Fnac, Progrès, Virgin, Carrefour...
Renseignements: 06 32 80 44 52 ou 04 78 93 62 11
Crypte de Fourvière, les 16 et 18 mars 2005 à 20h45
Contact presse :
Florence Maeso