Ce qu'il y a de fascinant dans la littérature indonésienne, c'est la préoccupation constante du réel. Après des siècles de traditions orientées vers l'épique et l'imaginaire, les écrivains de la modernité s'observent et se racontent. Comme si la littérature était un forum, un lieu de témoignage. Peu d'introspection, cependant: l'individu qui s'exprime est l'être social, et c'est la société en définitive que les écrivains explorent à travers leurs expériences individuelles. L'urgence de chacun est sans doute un souci de faire admettre son identité, mais en fin de compte, ces monologues venus des quatre coins de l'Archipel construisent un récit national.

Pasar Malam, dans cette troisième journée indonésienne, nous invite à observer comment une société d'Asie se regarde, s'analyse et construit son identité.



Comment parler de soi?

Pour soi-même dans l'introspection, ou bien pour autrui dans l'exhibition? Avec quelle part de lucidité, quelle part de complaisance? Peu d'auteurs, de plume ou de caméra, n'ont jamais cédé aux sirènes d'une re-mise en scène de leur vie privée destinée à l'appréciation publique. Cette Troisième Biennale rassemble écrivains, réalisateurs, éditeurs et chercheurs, indonésiens et français, pour une exploration d'une facette fascinante de la littérature indonésienne contemporaine.

Programme des 10 heures de la littérature Indonésienne à Paris

17h00 - Interview de Sitor Situmorang par Vincent Bardet, éditeur Le Seuil.

17h30 - pause 

18h00 - Mereka Bilang Saya Monyet !  (ils disent que je suis un singe), 2007, film indonésien, 93 min., v.o., sous-titré anglais, de Djenar Maesa Ayu, film présenté par Jacqueline Camus, indonésianiste, littérature féministe et littérature politique.

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image.  Djenar Maesa Ayu, née en 1973, a fait ses débuts d’écrivain dans les principaux journaux nationaux. En 2003, le quotidien Kompas récompense sa nouvelle Waktu Nayla (le temps de Nayla). Elle est la première femme à recevoir cette récompense. Son premier ouvrage Mereka Bilang Saya Monyet! (Ils disent que je suis un singe), réédité huit fois, a été nominé pour le prix littéraire Khatulistiwa en 2003 et a été adapté au cinéma en 2007. 

Oeuvre 

Mereka Bilang Saya Monyet! 2002, éditions Gramedia Pustaka Utama. Ce recueil de nouvelles a été traduit et publié en 2005, They say I’m a monkey, par les éditions Metafor.

Jangan Main-main dengan Kelaminmu (Ne jouez pas avec vos organes génitaux), recueil de nouvelles, 2004, éditions Gramedia Pustaka Utama.

Nayla, roman, 2005, éditions Gramedia Pustaka Utama

Cerita Pendek tentang Cerita Cinta Pendek 2006 (Histoire courte d’une courte histoire d’amour), recueil de nouvelles, 2006 Gramedia Pustaka Utama

Ranjang  (le lit), roman, en cours de rédaction

Le film : Adjeng est une jeune femme écrivain hantée par les ombres de son passé. Elle mène deux vies parallèles : celle d’une jeune femme raffolant des boîtes de nuits et agressive envers ses amis, son amant, tout en étant une fille exagérément passive avec sa mère. Est-ce que la jeune Adjeng parviendra, dans l’écriture,  à se libérer du carcan répressif maternel et, enfin, à faire la paix avec les démons de son enfance ? 

Le livre : ce recueil de nouvelles raconte des histoires de prostituées de luxe, d’infidélité et de trahison maritale de l’époux envers l’épouse, de dysfonctionnement relationnel entre mère et fille et d’adolescentes laissées à l’abandon, victimes de sévices sexuels.

La majeure partie de  l’œuvre de Djenar est une exploration de la sexualité des femmes.

L’auteur -avec une grande dose de courage et d’honnêteté intellectuelle- cherche à casser les tabous, à dénoncer l’hypocrisie, à défendre les minorités sexuelles et autres. Son écriture gronde d’une sourde mais  immense colère.

Djenar Maesa Ayu est la fille de Sjuman Djaya, metteur en scène, mort en 1985, auteur de nombreux films dont Kerikil-Kerikil Tajam (Cailloux tranchants), montré au Festival des 3 continents de 1995 et Si Doel Anak Betawi (Si Doel, enfant de Jakarta) où il  dirigea sa femme,  la mère de Djenar,  Tutie Kirana, actrice très populaire dans les années 1970, on peut aussi la voir dans Ca-bau-kan (2002) de Nia Dinata, Gie (2005) de Riri Riza.

20h00 – Foire de livres (avec notamment, la présentation de la réédition par les Editions du Sonneur de Borobudur de Roger Vailland et une collection d’ouvrages édités par le KITLV, Université de Leiden, présentée par le Professeur Harry Poeze) et buffet indonésien. 

23h00 – Clôture de la troisième édition de la journée des dix heures pour la littérature indonésienne et rencontre franco-indonésienne et remerciements par l’association franco-indonésienne Pasar Malam.